Les manifestants rassemblés hier devant la maison de la presse Tahar Djaout ont ouvertement accusé un groupe affilié à Mokhtar Belmokhtar de terroriser la vallée du M'zab l Ils demandent aux pouvoirs publics de garantir la sécurité de la population. La vallée du M'zab se porte mal ; elle est plongée dans l'anarchie et l'insécurité. Sa population a lancé, hier, un énième appel de détresse en direction des plus hautes autorités du pays, réclamant «la sécurité». Cette revendication a été fortement exprimée, hier, par des dizaines de représentants de la société civile mozabite qui se sont rassemblés devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Les manifestants en avaient gros sur le cœur et se sont élevés contre la dégradation de la situation sécuritaire dans leur région «livrée aux mains de groupes terroristes agissant sous la coupe de Mokhtar Belmokhtar». Ils ont scandé des slogans hostiles au pouvoir, auquel ils reprochent son incapacité à régler cette «crise» qui secoue la vallée du M'zab et à protéger la population. Ils ont dénoncé l'insécurité, le banditisme et le terrorisme qui font rage depuis plusieurs mois dans la wilaya de Ghardaïa. Pour marquer les esprits, les Mozabites ont exhibé des portraits des victimes, notamment du jeune El Yassa Aouf, assassiné la semaine dernière par des terroristes au quartier Bouhraoua, à quelques encablures de la RN1. Cette huitième victime est la goutte qui a fait déborder le vase. «Où étaient les centaines de policiers et gendarmes dépêchés sur les lieux lorsque El Yassa a été exécuté par des terroristes ?», lancent-ils, décriant les agissements des «repentis» qui font la loi dans la région. «Ces terroristes saccagent et tuent au vu et au su de tout le monde. Aujourd'hui, le problème à Ghardaïa n'est plus ethnique, mais d'ordre sécuritaire», déplore le meneur de la protestation. Ces citoyens ont décidé d'investir la rue pour attirer l'attention de l'opinion publique nationale sur ce qui se passe à Ghardaïa. «Nous sommes là pour dénoncer les assassinats en série qui sont l'œuvre de groupes terroristes qui polluent depuis quelque temps la vallée du M'zab.» Pour rendre visible leur action, les manifestants arborent de longues banderoles où l'on peut lire : «Amazighs, Mozabites, ibadites ; nous sommes tous des Algériens», «Y'en a marre de Belmokhtar», «Où sont les promesses de Sellal ?», «Où est l'autorité de l'Etat ?», «Que cesse l'impunité», «Halte au terrorisme»… Ils estiment que la situation est très grave et qu'aujourd'hui, «Ghardaïa brûle». Absence de volonté politique «Le pouvoir est-il conscient de ce qui se passe dans cette région du Sud ? Est-il conscient que la stabilité de l'Algérie dépend de celle de Ghardaïa ?», demande Abou Rabia, le meneur de cette action. Les représentants de la société civile de Ghardaïa demandent à l'Etat d'assumer pleinement ses responsabilités ; ils parlent d'une évolution dangereuse de la situation et de la violence qu'ils subissent au quotidien du fait d'une bande terroriste. «L'attitude passive du gouvernement est intrigante et inacceptable. Comment expliquer son incapacité à apporter des solutions appropriées aux problèmes soulevés par la population de Ghardaïa ?», demandent les Mozabites. Les animateurs de cette action sont remontés contre le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui, selon eux, «se moque» des habitants de Ghardaïa. «Sellal ne nous a pas protégés. Des cultivateurs sont empêchés de rejoindre leurs palmeraies. Il n'y a pas, a notre sens, une volonté politique pour la prise en charge des problèmes qui secouent la vallée du M'zab. Alors nous nous interrogeons : à qui profite le pourrissement ?», se demande M. Abou Rabia.