Pour que l'innocence ne soit plus exploitée, des comités communaux seront prochainement installés à travers le pays. Composés des représentants des services communaux, de la sûreté, de la CNAS, des directions de la formation professionnelle, de la santé et des associations à caractère social et des parents d'élèves et présidents de comités de quartiers, ces structures se chargeront de faire un véritable travail de prévention contre le travail des enfants et ce, grâce à des enquêtes en bonne et due forme menées sur le terrain qui permettront ainsi de donner des statistiques mensuelles fiables. En effet, cette nouvelle stratégie a été élaborée à Relizane lors d'une journée de sensibilisation et d'information sur le travail des enfants tenue ce lundi. Wilaya pilote, Relizane verra l'installation de ces comités communaux entrer en vigueur au cours de la semaine prochaine. Dès lors, les comités communaux devront s'atteler, sans perdre de temps, à mettre en exergue la nature de l'activité exercée par l'enfant et sa situation sociale, tout en intensifiant la sensibilisation en direction de leurs parents dans le but de trouver une solution commune. Ils contribueront de cette manière à établir une prise en charge de cette frange sociale vulnérable, notamment sur le plan psychologique car l'enfant sentira pour une fois qu'il n'est plus livré lui-même face à ces maîtres «exploitants». Néanmoins, de nombreux observateurs avertis préconisent à ces comités d'œuvrer également pour trouver du travail aux pères de famille chômeurs au lieu de laisser leur progéniture travailler. Pour d'autres, il est impératif de prendre aujourd'hui des mesures dissuasives à l'encontre de ceux qui utilisent leurs enfants pour subvenir aux besoins de la famille. Sur ce dossier, des voix multiples se sont fait entendre ces derniers temps pour exiger un durcissement de la législation en vigueur. Il faut dire que la situation est alarmante en dépit des programmes de lutte contre le travail des enfants engagés par les pouvoirs publics. Il faut savoir que l'Algérie a ratifié la Convention internationale sur les droits des enfants le 19 décembre 1992 en émettant toutefois des réserves sur certaines dispositions contenues dans ce document. Toutefois, au plan réglementaire, la loi algérienne, même si elle interdit le travail des enfants de moins de 16 ans, permet néanmoins leur recrutement avec une autorisation parentale ou du tuteur légal. Autant d'aberrations auxquelles il faut mettre un terme, estiment les associations de défense des droits des enfants. Soulignons enfin que, selon la dernière étude portant sur le travail des enfants en Algérie, plus de 500 000 enfants sont exploités dans différentes activités dont 200 000 scolarisés. Selon le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), Mustapha Khiati, ces enfants scolarisés travaillent en dehors des cours et durant les vacances. Selon le même responsable, ces enfants exercent généralement dans le secteur des professions libérales où l'employeur échappe aux impôts faute de déclaration de la nature de l'activité et du nombre d'employés. Pour rappel, de nombreux experts considèrent que les enquêtes sur le travail des enfants en Algérie, menées par l'Inspection du travail auprès du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, ne reflètent pas l'ampleur du phénomène qui gagne du terrain et dont la lutte nécessite une collaboration étroite avec les parties en charge de la protection de l'enfance en Algérie. A. S.