Certains de ces derniers, que nous avons pu joindre au téléphone au 10e jour qui a suivi l'état d'alerte lancé par les services vétérinaires du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, estiment que les pouvoirs publics n'ont pas pris au sérieux l'hypothèse que la fièvre aphteuse apparue en Tunisie pouvait s'étendre hors frontières si des mesures de contrôle draconiennes ne sont pas mises en place. Toujours dans ce même ordre d'idée, nos interlocuteurs jugent que le dispositif mis en place, quelques heures après la découverte par les services vétérinaires tunisiens de foyers de cette pandémie sur leur territoire, n'a pas été aussi efficace. Et pour preuve, «des vaches malades ont pu être ramenées de Tunisie par des chevillards irresponsables», nous ont-ils signalé. Et de nous rappeler dans la foulée «l'extrême rapidité de contamination de la fière aphteuse, puisqu'au premier foyer apparu dans la wilaya de Sétif, le 22 juillet dernier, s'en est suivi celui de Bouira, trois jours après, pour atteindre à ce jour 18 wilayas du pays». On peut avancer que la mobilité de certains chevillards qui se déplacent avec leurs bovins de marché en marché à bestiaux a une part de responsabilité dans la propagation de la maladie de la fièvre aphteuse. Certes les services vétérinaires ont, au tout début, décidé de fermer les marchés à bestiaux dans le but évident de dissuader les éleveurs de tout déplacement de leurs bêtes «mais certains n'en ont fait qu'à leur tête», nous a révélé un vétérinaire de la wilaya de Médéa. Et d'ajouter, «il est dans leur intérêt d'isoler leurs vaches tant qu'elles ne sont pas vaccinées». À propos de vaccination, les services vétérinaires assurent qu'ils disposent d'une importante quantité de vaccins, 900 000 doses ont été récemment importés, ce qui va permettre de vacciner tous les élevages bovins, du moins ceux des propriétaires qui se manifesteront car, dans la filière, les petits éleveurs «préfèrent ne pas déclarer leurs bêtes et c'est regrettable», s'insurge-t-on du côté des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Cela dit, une fois la situation maîtrisée, comme l'a avancé ces derniers jours le directeur des services vétérinaires, et pour se mettre à l'abri d'une nouvelle réapparition de la fièvre aphteuse, il serait utile de ressortir des tiroirs le projet d'identification et de suivi du cheptel bovin par l'implant à l'oreille de chaque bête d'une puce électronique. Un moyen de réduire le temps d'intervention et de circonscrire le foyer de contamination en cas d'alerte. Il serait donc intéressant de relancer le projet si l'on veut épargner les éleveurs de lourdes pertes et aussi les caisses de l'Etat, car depuis quatre ans les importations de jeunes vaches laitières et de taurillons d'engraissement ne cessent de croître. Z. A.