Officiellement, l'épizootie de la fièvre aphteuse bovine qui touche actuellement 21 wilayas du pays (18 wilayas au 10 août dernier), est plus ou moins maîtrisée, selon les déclarations des responsables du secteur de l'agriculture. Dans les faits, la situation est autre, puisque de nouveaux cas de fièvre aphteuse bovine sont signalés dans plusieurs régions déjà touchées. L'inquiétude reste totale, notamment chez les éleveurs d'ovins qui font tout pour éviter la propagation de la maladie à leur cheptel. Hier samedi à Chlef, le Dr. Mohamed Karim Boughalem, directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, a rassuré les éleveurs d'ovins en affirmant qu'aucun cas de fièvre aphteuse ovine (moutons) n'a été pour le moment signalé. «Il y a eu une suspicion sur l'existence de cas de fièvre aphteuse touchant le cheptel ovin dans la wilaya de Bouira. Mais les résultats des analyses et les prélèvements effectués étaient négatifs», a-t-il assuré en mage d'une visite de travail du ministre de l'Agriculture, Abdelouahab Nouri, dans la wilaya de Chlef. Il confirme : «Jusqu'à présent, aucun cas (de fièvre aphteuse, ndlr.) n'a été encore enregistré. Et s'il y avait des cas avérés, nous serions les premiers à les déclarer». Le nombre de wilayas touchées par la fièvre aphteuse bovine est monté à 21 wilayas, a-t-il indiqué. Cette maladie est apparue déjà au mois de juin dernier puis s'est aggravée en juillet, le foyer étant un bourg de la wilaya de Sétif connu pour sa vocation d'engraissement et de vente de taurillons qu'il importe de Tunisie où sévit l'épidémie depuis le mois de mars dernier. L'Algérie a transmis l'état d'alerte qu'elle a décrété sur les cheptels bovins, dont la quarantaine des zones contaminées, à l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) le 27 juillet dernier, soit 24 heures après la détection du premier cas apparu dans la wilaya de Sétif sur un lot de taurillons importés frauduleusement de Tunisie, selon des vétérinaires. La maladie, en dépit des assurances des autorités locales, régionales et nationales, progresse. Au 10 août dernier, 18 wilayas étaient touchées, avec 192 foyers contaminés et un peu plus de 900 vaches et taurillons abattus. Depuis, les pertes des éleveurs se sont aggravées, alors que l'épizootie, pas encore éradiquée, fait l'objet d'une intense campagne de lutte. La propagation de la maladie semble, selon des vétérinaires, le fait des éleveurs qui ont fait «voyager» leur cheptel en dépit de mesures de sécurité, dont la quarantaine des bêtes contaminées, l'isolement du cheptel sain et la fermeture des marchés à bestiaux. En réalité, les éleveurs continuent à ignorer les mesures de sécurité. Sur le front de la vaccination, un important lot de vaccins est en train d'être distribué aux éleveurs via les laboratoires régionaux. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural vient d'acquérir des quantités «importantes» de vaccins destinés à la lutte contre la fièvre aphteuse, ont indiqué les services de ce ministère selon lesquels les lots de vaccins ont été distribués à sept laboratoires régionaux. L''inspecteur général des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, Abdelmalek Bouhbal, a indiqué que cet arrivage de vaccins sur le lot de 900.000 doses commandées par l'Algérie, a été acheminé dans une première phase vers l'Institut national de médecine vétérinaire (INMV) qui a, à son tour, distribué les quantités importées aux laboratoires régionaux des wilayas de Tlemcen, Mostaganem, Tiaret, Laghouat, Tizi-Ouzou, Constantine et Annaba. «La distribution totale des 900.000 doses prévues pour la lutte contre la fièvre aphteuse interviendra vers la fin du mois en cours», a-t-il ajouté, expliquant que les nouvelles quantités de vaccins arriveront graduellement aux services vétérinaires des wilayas concernées. En outre, chaque wilaya aura son quota de vaccins en fonction de l'exposition de son cheptel bovin à cette maladie. Pour autant, 'la maladie est maîtrisée dans les wilayas où les premiers foyers ont été détectés (Sétif, Bouira, Bordj Bou-Arréridj...), et des efforts sont fournis pour empêcher sa propagation à d'autres wilayas», a-t-il ajouté. Dans le milieux des vétérinaires mobilisés pour endiguer la maladie et l'éradiquer on n'hésite pas à pointer du doit la responsabilité du ministère de l'Agriculture. 'Les pouvoirs publics auraient pu nous éviter cette catastrophe s'ils avaient pris plus de précaution lorsque des foyers de la maladie ont été signalés en Tunisie'', s'insurge Saïda Kali, SG du syndicat national des vétérinaires professionnels. Dans une précédente déclaration à El Watan, elle a affirmé que «le ministère était en état d'alerte et (avait) même lancé une campagne de vaccination au mois de mai dernier, mais il a levé l'instruction en juin dernier, ce qu'il n'aurait pas dû faire».