Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé hier que la majeure partie des troupes russes avaient quitté l'Ukraine, cinq jours après une trêve «globalement respectée», et promis une plus grande autonomie à l'Est séparatiste, qui exige l'indépendance. Mais les séparatistes pro-russes ont rejeté en bloc la proposition de Kiev, ce qui augure d'une éventuelle reprise des violences à n'importe quel moment. «Selon la dernière information que j'ai reçue de nos services de renseignement, 70% des forces russes ont été retirées», a déclaré M. Porochenko, alors que Moscou a toujours démenti toute présence militaire en Ukraine. «Ceci nous fait espérer en l'avenir de l'initiative de paix», a-t-il ajouté. Selon lui, la situation dans l'est a «changé radicalement» depuis l'entrée en vigueur de la trêve scellée vendredi entre Kiev et les rebelles prorusses. «Avant l'annonce du cessez-le-feu, l'Ukraine perdait chaque jour des dizaines de vies», a-t-il souligné, au lendemain d'un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine confirmant sa détermination à trouver une issue pacifique au conflit qui a fait plus de 2 700 morts. Mais «l'Ukraine n'a fait aucune concession sur son intégrité territoriale», a déclaré M. Porochenko, en faisait allusion à la signature vendredi d'un document en douze points qui accorde notamment un «statut spécial» aux régions de Donetsk et Lougansk, deux fiefs rebelles, pour la mise en place d'un «gouvernement autonome provisoire» et la tenue d'élections locales anticipées. «Un projet de loi garantissant plus d'autonomie à l'Est sera présenté au Parlement», a-t-il dit, excluant toute discussion «sur une fédéralisation ou sur une quelconque séparation (des régions de l'Est)». Mais les séparatistes prorusses veulent l'indépendance de leur territoire et non un maintien au sein du pays avec des pouvoirs renforcés comme souhaité par le président ukrainien, a affirmé peu après un responsable des rebelles. «Nous ne prévoyons pas de demeurer une partie de l'Ukraine», a réaffirmé hier Andreï Pourguine, le vice-Premier ministre de la République populaire de Donetsk autoproclamée. Parallèlement, l'Union européenne devait trancher hier la question de l'application de nouvelles sanctions économiques contre la Russie pour atteinte à la souveraineté de l'Ukraine. Accusée par l'Union européenne et les Etats-Unis de souffler le chaud et le froid dans ce conflit, le plus grave depuis la fin de la guerre froide, la Russie a de son côté affirmé que l'Ukraine était responsable du crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines en juillet dans l'est de l'Ukraine. «La catastrophe a eu lieu dans l'espace aérien de l'Ukraine qui porte la pleine responsabilité pour ce qui s'est passé», a argumenté le ministre russe de la Défense hier, au lendemain de la publication d'un rapport préliminaire sur le crash ayant fait 298 morts. Kiev a accusé les séparatistes d'avoir tiré un missile fourni par la Russie. Par ailleurs, l'ONG Amnesty International a qualifié le conflit ukrainien d'«international» et reconnu la Russie comme partie impliquée dans la crise, a annoncé hier le secrétaire général d'Amnesty International Salil Shetty. «Sur la base des preuves dont nous disposons, Amnesty International a qualifié ce conflit d'international et reconnu la Russie comme partie impliquée (...). Cela veut dire que cette situation relève de l'ensemble des conventions de Genève et prévoit la responsabilité personnelle pour les crimes de guerre», a déclaré M.Shetty lors d'une conférence de presse. «Nos conclusions sont basées sur plusieurs faits, notamment sur les images satellitaires, dont l'analyse a permis de constater une accumulation bien organisée de blindés aux environs de Novoazovsk», a expliqué le SG d'Amnesty. R. I.