Pacifier l'Est russophone et préserver ainsi l'unité de l'ex-république soviétique, en quasi guerre civile après avoir déjà perdu en mars la Crimée, constitue la grande priorité de Petro Porochenko, élu le 25 mai à la tête de l'Ukraine et investi en début de semaine. Le nouveau président s'est même fixé pour objectif de normaliser d'ici à une semaine la situation dans l'est de l'Ukraine, en proie à une sanglante insurrection prorusse, en lançant des pourparlers inédits avec la Russie. Ces négociations, organisées à Kiev pour la première fois dans la crise la plus dure qui a réveillé la Guerre froide entre Moscou et les capitales atlantiques, avaient été décidées lors d'une brève entrevue entre le nouveau chef de l'Etat ukrainien et Vladimir Poutine en marge des cérémonies commémoratives du "Débarquement" en France. "Nous devons mettre fin aux tirs cette semaine", a déclaré Porochenko, entré en fonction officiellement samedi. Les discussions tripartites, qui ont réuni l'ambassadeur de Russie en Ukraine Mikhaïl Zourabov, l'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne Pavlo Klimkine et une représentante de l'OSCE, Heidi Tagliavini, se tiennent tous les jours depuis dimanche afin de mettre en place un plan de pacification de l'est de l'Ukraine, d'abord rétablir le fonctionnement de la frontière de l'Ukraine avec son voisin russe pour garantir la sécurité de tout citoyen d'Ukraine qui vit dans le Donbass, indépendamment de ses sympathies politiques, avait ajouté le président ukrainien lors de son investiture à laquelle avait assisté un représentant du Kremlin. L'insurrection prorusse dans l'est de l'Ukraine, orchestrée selon Kiev par Moscou, et l'opération antiterroriste lancée par les forces ukrainiennes pour la mater ont fait en près de deux mois plus de 200 victimes entre rebelles, forces ukrainiennes et civils. Les séparatistes prorusses contrôlent Donetsk et Lougansk, les deux grandes villes du bassin minier du Donbass, poumon industriel du pays, et depuis quelques jours une partie de la frontière avec la Russie. Le chocolatier milliardaire, et néanmoins "politique" depuis que l'Ukraine a mis en œuvre sa velléité de s'affranchir de son encombrant et puissant voisin, doit aussi intensifier ses négociations avec Moscou pour éviter une coupure du gaz russe dès mercredi qui inquiète fortement les Européens, dépendants des approvisionnements russes. Des pourparlers sur la dette gazière ukrainienne et le prix payé par Moscou, sous la médiation de l'UE, se sont ouverts lundi à Bruxelles. En revanche, sur le terrain, les affrontements se poursuivent. Les rebelles prorusses, qui ne veulent rien entendre des perspectives de la poignée de mains Poutine-Porochenko en Normandie (France), ont encore lancé – sans succès – une attaque contre l'aéroport de Lougansk, tenu par les forces ukrainiennes. Dans l'autre bastion, Donetsk, autre grande ville sous contrôle prorusse, des combats se sont déroulés dans son aéroport international, fermé depuis fin mai : une quarantaine d'insurgés, en majorité de nationalité russe, y ont été tués...Ukrainiens et Occidentaux veulent toutefois croire à une désescalade du conflit, après la main tendue de Porochenko qui, s'adressant en russe aux habitants de la région industrielle russophone du Donbass, où il compte se rendre rapidement, s'est engagé à mener une "décentralisation" du pouvoir et à garantir l'usage libre de la langue russe. Le chocolatier de 48 ans a en revanche rejeté tout compromis avec la Russie sur l'orientation européenne de son pays et sur l'appartenance à l'Ukraine de la Crimée annexée en mars à la Russie, tout en soulignant que seuls des pourparlers directs et substantiels entre Moscou et Kiev seraient de nature à désamorcer la crise. D. B. Nom Adresse email