Nasser Hannachi Et les recommandations de l'Unesco à travers sa feuille de route pour le présent centenaire viennent renforcer ce qui est désormais considéré «comme droit humain», puisque relevant d'une responsabilité politique qui couvre les arts et des cultures bien ancrées dans la société. Un évènement culturel sans impact est un coup d'épée dans l'eau, un projet infructueux, voire une expression anodine vouée à l'échec. C'est pour cela que la médiatisation reste le vecteur clé de la socialisation et démocratisation de la culture dès lors qu'elle ratisse large, soulignent des spécialistes. La mise sous les feux des projecteurs des diverses formes artistiques (arts plastiques, cinéma, musique, théâtre, littérature, patrimoine...) y passent inévitablement, sous peine de sombrer dans le no man's land journalistique. Spécialisée, la culture a grand besoin d'experts et critiques, et non de se contenter des lectures basiques puisées dans la voie des services de presse de différentes institutions culturelles. C'est le cas pour certaines pistes. «Un artiste, un comédien, un écrivain est curieux de connaître le regard que la presse porte sur lui», éclaire un universitaire. «Et non d'écrits banals truffés de louanges», ajoutera-t-il. En clair, la diffusion des arts, au sens large du terme, via les médias exige de ces derniers une part d'objectivité soutenue par une argumentation. Et c'est en quelque sorte le maillon faible. L'absence d'une production foisonnante et de haute facture des arts (théâtre, cinéma, littérature, musique...), laisse libre cours à des appréciations enserrées dans de simples constats journalistiques. De plus, l'inexistence de cycles de perfectionnement des journalistes fragilise quelque peu la rubrique culturelle. Le web concourt assurément à la propagation des activités et programmes culturels. Mais quid de la qualité ? Des experts attirent l'attention sur le rôle joué par des bloggeurs. «C'est une caractéristique de voir un bloggeur se constituer en critique et journaliste. Il faudra déraciner cette confusion», alertent-ils. L'Algérie, à travers ses multiples canaux de transmission y compris la Toile, traite au quotidien de la vie culturelle des régions avec des degrés plus ou moins nuancés. L'élargissement du champ médiatique -même si ce dernier est sujet à controverses n'ayant pas leur place dans la déontologie de la profession- a permis à la culture d'agrandir ses espaces d'expression. Chaque support adopte sa stratégie et sa ligne «informative» ou critique, selon les compétences relatives à chaque canal. La presse locale joue un rôle essentiel dans la promotion des initiatives, dont le champ est illimité. Cette interconnexion entre le vecteur émetteur et l'auteur constitue l'essence de toute la panoplie artistique, culturelle et identitaire caractérisant les prouesses artistico-culturelles propres à chaque région. «Sans la presse nos activités n'ont aucun attrait», avoue un membre d'une association. Direction de la culture, Office communal, théâtre, associations et commissariats des festivals institutionnalisés, tous misent sur le concours des médias pour faire passer leur «message» et promouvoir leurs actions. Souvent, ces organismes essuient des critiques acerbes car n'ayant pas garanti une bonne diffusion, faute de service de presse compétent ou agissant par accointance avec des organes «privilégiés». À titre d'exemple, à Constantine, à quelques exceptions, les attachés de presse culturels -quoique leur nombre soit trop réduit- s'efforcent de faire preuve de professionnalisme pour atteindre les médias et promouvoir les manifestations programmées, même si la part de médiatisation demeure insuffisante. Les habitudes ont la peau dure. On privilégie l'affichage à coups de millions, surtout quand la manifestation est entièrement financée par la tutelle ou les collectivités locales. On dépense sans se soucier des retombées. Pourtant, l'économie culturelle détient un autre pivot malheureusement non dévoilé, et pour cause ! Le financement n'est évoqué qu'en cas de refus de sponsoring. Par fainéantise ou par exigence rédactionnelle (pour ne pas heurter des sensibilités d'ordre «commerciales» inhérentes au journal), certains collaborateurs de presse piétinent quelques fondements du métier de par leur silence. Tandis que parfois l'impartialité dans le traitement de l'information culturelle se cherche encore dans quelques supports généralistes, donc pas spécialisés, mais «moralisateurs». C'est l'autre bêtise attribuée à la rubrique culturelle : la censure. N. H.