L'Office algérien interprofessionnel des céréales, (Oaic), qui est le principal importateur de blé, a décidé d'étendre ses activités au développement de la production nationale de céréales. «L'office compte devenir un acteur dans le développement de la filière céréales en répondant aux besoins des agriculteurs qui se professionnalisent davantage [...]. On constate que les céréaliculteurs se professionnalisent et, par conséquent, deviennent de plus en plus exigeants. Ils demandent des variétés de semences de blé et d'intrants garantissant de bons rendements», a indiqué à l'APS le Directeur général de l'Oaic, Mohamed Belabdi. «De 2009 à nos jours, on a multiplié par 8 les quantités d'engrais utilisés dans chaque campagne, alors que celles des semences sont passées de 900 000 qx de semences certifiées à 2,2 millions de qx», ajoutera-t-il. Ainsi, pour répondre à la demande des producteurs, l'office compte introduire, en collaboration avec les instituts techniques, de nouvelles variétés à haut rendement notamment en blé tendre, et diversifier aussi la gamme de fertilisants. La création de nouvelles variétés de blé fait l'objet d'un partenariat algéro-français signé en 2013 entre l'Oaic et l'agence française des céréales Axereal. Ce partenariat permettra à l'office d'accéder à la matière génétique française pour la production de semences de blé tendre au niveau des fermes-pilotes. L'Algérie produit essentiellement du blé dur, ce qui explique sa dépendance totale des importations de blé tendre, alors que les variétés de la faible quantité de blé tendre produit ne sont pas panifiables. Contrairement au blé tendre, le matériel génétique que possède l'Algérie en blé dur est en mesure de donner des rendements similaires à ceux enregistrés dans de grands pays producteurs, selon le DG de l'Oaic. Bien que la filière céréale ait fait «un saut qualitatif» ces trois dernières années, la production continue d'être tributaire de la pluviométrie, un aléa que l'Oaic tente d'atténuer en s'impliquant dans le financement des équipements d'irrigation, indique le même responsable. L'office est en train «de jouer la locomotive» pour mener le programme d'irrigation qui devrait porter la superficie céréalière irriguée à 600 000 hectares (ha) d'ici à 2019 contre 350 000 ha actuellement sur une superficie totale réservée à la production céréalière de 3,4 millions d'ha. Lancé fin 2012, ce projet a connu des blocages en raison de la non bancabilité des Coopératives de céréales et légumes secs (Ccls) qui devaient financer ce programme au niveau local. L'Oaic s'est engagé à financer l'achat des équipements d'irrigation dont 50% du prix sont remboursés par l'Etat, tandis que les 50% restants sont remboursés par l'agriculteur à travers la livraison de sa production à hauteur du montant correspondant. L'office a financé jusqu'ici l'équivalent de 24 000 ha durant la campagne 2013/14 et compte réaliser le double durant la saison prochaine grâce à une «grande demande» qu'il avait passé au groupe Anabib spécialisé dans la fabrication de tubes en acier destinés, entre autres, à l'irrigation. De par leur répartition à l'échelle nationale, les Ccls devraient aussi s'impliquer dans la vulgarisation de ce programme auprès des agriculteurs au niveau local afin d'améliorer la productivité. M. Belabdi évoque, dans ce contexte, des possibilités de développer la céréaliculture dans le sud grâce à l'abondance des eaux souterraines et de terres. Actuellement, seulement 7% de la production nationale provient des wilayas du sud. APS