Depuis l'année 2000, les pouvoirs publics ont déployé des efforts substantiels dans la construction de logements et la réduction des déficits importants enregistrés dans ce domaine. Signalons, à ce titre, que le total des réalisations des trois programmes quinquennaux entamés en 2000 s'élève à plus de 4 millions de logements, soit plus que l'ensemble des projets réalisés de l'indépendance à l'an 2000. Durant le seul quinquennat 2010-2014, il est prévu la réalisation de quelque 2,2 millions d'unités, auxquelles s'ajoutent environ 2 millions d'unités déjà réalisées entre 1999 et 2009, dans le cadre d'une multitude de programmes d'investissement. Toutefois, en dépit de tous les efforts déployés pour réduire l'écart entre l'offre et la demande, il n'en demeure pas moins que le grand défi qui reste à relever est celui d'impliquer davantage les entreprises nationales, publiques et privées, dans les programmes de construction de logements et d'équipements publics. Or, aujourd'hui, le secteur de l'habitat souffre d'un déficit avéré en entreprises nationales qualifiées et hautement qualifiées. C'est d'ailleurs un constat souvent réitérer par le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, selon qui l'outil national de réalisation est peu performant. «Sur plus de 30 000 entreprises recensées, seules quinze peuvent être classées dans la catégorie des entreprises hautement performantes pouvant réaliser d'importants programmes de logements», précise le ministre de l'Habitat, lequel estime que «la majorité des entreprises activant dans le secteur sont de petite taille, familiale ou artisanale». Ces entreprises privées, faut-il le préciser, détiennent 68% du marché. Viennent en deuxième position les entreprises étrangères avec 28%. Le reste du marché, soit 4% seulement, est détenu par les entreprises publiques. Selon M. Tebboune, la capacité de l'outil de production nationale se limite à l'heure actuelle à près de 80 000 logements/an pour une demande oscillant entre 200 000 et 250 000 logements par an. Ainsi, pour réduire davantage le recours aux entreprises étrangères qui coûtent cher au pays en matière de transfert de devises et d'importation, les autorités publiques, selon le ministre de l'Habitat, ont mis en œuvre un ensemble de mesures visant notamment à impulser un nouveau dynamisme aux entreprises locales, garantissant leur implication positive dans la relance et le renforcement des capacités de production, en levant l'ensemble des contraintes d'ordres technique et juridique qui pèsent sur elles et qui freinent leur développement. Entre autres mesures, l'on peut citer l'assainissement de l'environnement de ces entreprises nationales, afin de les encourager à développer et moderniser leurs méthodes de travail et améliorer leurs performances. L'autre mesure consiste à recenser les activités des entreprises publiques relevant de la SGP/Indjab en regroupant les 40 entreprises en 5 grandes entreprises, réparties par région (centre, ouest, est, sud-ouest et sud-est) pour permettre d'améliorer leurs capacités de production et de soutenir leur position concurrentielle. La capacité de réalisation de ces nouvelles entreprises sera renforcée par de nouveaux équipements et l'acquisition d'unités industrielles de production de logements. La tutelle entend également adapter les cahiers des charges pour faciliter l'accès des entreprises algériennes aux marchés publics par l'introduction du principe de la préférence, et d'astreindre les entreprises étrangères à sous-traiter certains lots avec les petites et moyennes entreprises nationales, en particulier les entreprises créées dans le cadre du dispositif Ansej. Les autorités publiques comptent aussi inciter les entreprises à se constituer en partenariat public-public, public-privé à l'effet de décrocher des projets d'envergure. Le ministère de l'Habitat entend aller plus loin en optant pour l'industrialisation du secteur du bâtiment en introduisant des techniques modernes de construction. Pour réussir cette industrialisation, des assises nationales portant sur ce thème se tiendront demain à Alger. Cette rencontre nationale, à laquelle seront associés des partenaires et experts étrangers, vise «à réhabiliter le recours aux procédés du logement industriel que les grandes entreprises nationales de réalisation (DNC, Sonatiba...) maîtrisaient déjà dans les années 1970», a déclaré M. Tebboune, dans un récent entretien à l'APS. Toutes ces actions, tient à souligner le ministre de l'Habitat, vont avoir «indéniablement» un impact positif sur la participation des entreprises locales dans le programme d'investissement national en cours et celui prévu pour le prochain quinquennal (2015-2019). B. A.