Samir Ould Ali C'est la carte nationale qui garantira aux journalistes l'accès aux sources, mais aussi la possibilité de mieux défendre leurs intérêts, a insisté le ministre de la Communication, Hamid Grine, à l'occasion de la conférence sur la déontologie qui s'est tenue, hier au Théâtre régional d'Oran. Le document permettra également, autres arguments avancés par M. Grine, de déterminer avec exactitude le nombre de journalistes professionnels exerçant en Algérie et de mettre en place l'Autorité de régulation et le Conseil de déontologie qui contribueront de réhabiliter un secteur de la presse proie de tous les maux. Le ministre a rappelé que la réception de 250 dossiers pour la confection de la carte nationale est déjà une «grande victoire» en soi (même s'il reconnait qu'il existerait quelque 4 000 journalistes sur le territoire national) et que les premières cartes seront distribuées, demain, à l'occasion de la Journée nationale de la presse. La veille, au cours de sa visite d'inspection qui l'a menée notamment au futur siège de la Radio et à la station de relais située dans la montagne des Lions, le ministre s'était défendu de s'être, un jour, ingéré dans les affaires de l'Anep ni d'avoir donné instructions pour l'octroi ou non de la publicité à tel ou tel organe de presse. Par ailleurs, le professeur tunisien, Mohamed Ridha Najar a donné, hier à Oran, une conférence sur la déontologie journalistique à travers une communication intitulée «La déontologie des médias à l'épreuve du scoop et du buzz». Pour le professeur en journalisme et ancien directeur général du Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (Capjc), le métier de journaliste est aujourd'hui en pleine «crise d'identité, de doute et de crédibilité». En cause : la communication qui a pris le pas sur l'information, l'Internet et les réseaux sociaux qui ont fait «exploser le temps et l'espace» et la naissance de la vocation de journaliste-citoyen et de bloggeur militant. Mais surtout, le métier est dévoyé par l'argent, la politique, la publicité et les relations publiques, la sauvagerie de la concurrence et la course effrénée au scoop et à l'information-spectacle. «Parler aujourd'hui de déontologie, regrette le conférencier, apparaît comme une et vaine tentative de restituer au métier ses lettres de noblesse» alors que la mode est au plagiat éhonté, la non vérification de l'information, l'injure et la diffamation, le non respect de la présomption d'innocence... et, suprême affront pour le métier de journaliste, l'inconsciente et irresponsable «offre de tribunes aux défenseurs du terrorisme, sous couvert de liberté d'information et de respect du pluralisme». On l'aura compris, pour ce «dinosaure» de la presse (comme pour beaucoup de ses semblables), il est temps d'opérer une halte, de revenir aux fondamentaux de l'exercice journalistique et d'ouvrir le débat pour la mise en place d'une charte de déontologie professionnelle qui déterminera les droits et devoirs des journalistes. Principaux éléments de cette charte : le respect de la vérité, la défense de la liberté d'information, le respect de la vie privée, la vérification de l'information, mais aussi le droit d'accéder aux sources, le droit à l'information sur toute décision pouvant affecter la vie de l'entreprise, le droit d'exercer dans des conditions dignes, le droit de bénéficier de stages de perfectionnement... C'est pourquoi, il est impératif, selon l'orateur - qui insiste sur le distinguo entre déontologie des journalistes et déontologie des médias- que journalistes et patrons de presse se mettent d'accord sur une plateforme minimale qui permettra de mettre en place cette charte. «Je ne suis pas loin de penser que le respect de la déontologie est la meilleure défense de la liberté de la presse et qu'il signifie, très souvent, qualité du journalisme», a-t-il conclu. S. O. A.