N'est-il pas meilleur paradoxe que la qualification de l'Entente de Sétif à la finale de la Ligue des champions africaine pour confirmer que football n'est effectivement pas une science exacte. Dans une compétition qui défraie hélas la chronique, la formation d'Aïn Fouara réussit le parcours parfait, infirmant du coup la petite forme qu'elle affiche dans une compétition nationale déprimante en terrassant les meilleurs clubs africains et plus particulièrement en réalisant ses performances non pas à Sétif, mais chez ses adversaires sur leur terrain. Excusez alors du peu. De fil en aiguille que peut-il être déduit, même si ce n'est qu'arbitrairement, de la performance des Sétifiens ? D'une part que le footballeur algérien s'adapte à son adversaire immédiat, c'est-à-dire se met à la dimension de son vis-à-vis s'il est fort et bat de l'aile s'il est faible. Bien que la comparaison pourrait ne pas être jugée de mise, c'est au même constat que sont parvenus les dirigeants parisiens avec leur PSG, un club qui met à genoux le phénomène barcelonais et peine à gagner, voire perd chez lui face à des équipes composant le peloton de queue du championnat. De la même manière, les Sétifiens se mettent au diapason de l'adversaire. Mais au-delà de l'indigence du football national et de la valeur galvaudée de ses acteurs, il y a également le reste des contingences que constituent les difficultés des associations sportives à assurer leur propre fonctionnement, la rémunération de leurs salariés, l'assurance d'un déplacement intra-muros, c'est-à-dire en Algérie dans des conditions qui se passeraient d'un parcours du combattant devenu institutionnel, des préparations chaotiques à l'étranger, des déplacements lors des compétitions à l'étranger... Est-ce à dire alors que si tout cela était résorbable à moyen terme, le football algérien regagnerait ses titres de noblesse, retrouverait sa qualité, se remettrait à enfanter des génies à n'en savoir plus qu'en faire tellement il y a bousculade aux portes de la sélection nationale, que les jeunes catégories piafferaient d'impatience dans l'antichambre de la discipline ? Pourquoi pas ? Cela ne ferait que faire revenir à une situation normale, à une période où toutes ces questions n'étaient pas envisageables. Quelle serait par voie de conséquence la solution ? Elle n'existe pas à l'heure actuelle tant que les milieux du football resteront l'otage d'apprentis sorciers, de flibustiers lesquels, effrontément, se regarderont en chiens de faïence avec des responsables à hauteur des hautes instances sportives nationales dont l'essentiel consiste à gérer les affaires au jour le jour en se contentant de donner à des supporters littéralement anesthésiés quelques affiches avec les fameux derbies de l'est, de l'ouest, du centre, de la Soummam, des Aurès et tutti quanti. Les autres associations ne servant qu'à faire tapisserie tant qu'il n'est exigé à aucune d'elles de faire dans l'excellence, d'avoir pour obligation un cahier de charges à travers lequel il serait comptable devant le Trésor public. L'ESS est un bel exemple de renaissance en ce sens que pour la troisième année consécutive elle est victime d'une véritable hémorragie de joueurs qui répondent à l'appel des sirènes d'autres clubs nettement plus nantis. D'ailleurs, des formations qui ont osé ne pas répondre au type de chantage lié aux conditions de rémunération de leurs stars et ont préféré faire confiance à des jeunes puisés dans les catégories jeunes justement ou, le cas échéant, en récupérer dans des petits clubs amateurs de la région, ont à chaque fois été récompensées. Pour l'anecdote, il faudrait juste se rappeler d'où vient Islam Slimani, qui il est aujourd'hui et où il évolue pour saisir toute l'ampleur du gâchis qui lamine le football algérien. A. L.