Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a qualifié jeudi l'escalade verbale du Maroc à l'égard de l'Algérie, suite à un incident survenu récemment à la frontière entre les deux pays, de «mauvaise stratégie de la tension» de la part des hauts responsables du Makhzen. «Le point de vue de l'Algérie (sur cet incident) a été dit et nous nous en tenons à cela. Le reste, c'est une mauvaise stratégie de l'escalade, une mauvaise stratégie de la tension, une fuite en avant qui ne servent ni les intérêts bien compris de voisinage, ni les intérêts d'aucun autre pays», a précisé M. Lamamra au terme de ses entretiens avec le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Mankeur Ndiaye. L'impressionnante escalade médiatique lancée par les hauts responsables du régime chérifien et l'enchaînement, de leur part, de déclarations contre l'Algérie montre encore une fois l'échec de la diplomatie marocaine et la mauvaise gestion de la tension par le Makhzen. Le ministre a aussi qualifié cette escalade médiatique des hautes autorités marocaines contre l'Algérie d'excessive est insignifiante. L'incident survenu aux frontières a engendré une «avalanche» de commentaires «extrêmement négatifs», «parfois malvenus» à l'égard de l'Algérie, a-t-il ajouté. Les faits de l'incident remontent au 18 octobre dernier lorsqu'«une patrouille de gardes-frontières qui a été ciblée, ce jour-là, par des jets de pierres lancés par un groupe de contrebandiers marocains a réagi d'une manière professionnelle, comme d'habitude, par deux tirs de sommation en l'air qui ne peuvent, en aucune manière, provoquer des blessures à une quelconque des personnes engagées dans l'acte de provocation», a expliqué M. Lamamra. Les autorités marocaines avaient prétendu qu'un soldat des gardes- frontières avait tiré sur un citoyen marocain civil au niveau des frontières. Il s'agit d'un citoyen âgé de 28 ans, «grièvement blessé au visage», selon la version marocaine, démentie catégoriquement par les responsables de la diplomatie algérienne, vu les positions dans lesquelles se trouvaient les gardes-frontières et le citoyen marocain. «Je dirais simplement que l'Algérie a dit son mot sur cette question et je réitère cette position. L'Algérie n'est pas responsable des blessures qui ont été infligées à une personne marocaine de l'autre côté de la frontière», a déclaré M. Lamamra. Le royaume chérifien profite de cet incident survenu aux frontières pour lancer des campagnes médiatiques et politiques intenses contre l'Algérie. Cette escalade médiatique contre l'Algérie n'est pas la première du genre et ne sera sans aucun doute pas la dernière. Depuis la fermeture des frontières en 1994, le Maroc enchaîne les campagnes de dénigrement et les déclarations contre l'Algérie. Le Maroc se montre alors comme «une victime». Rappelons que L'Algérie avait déjà rejeté la présentation fallacieuse faite par la partie marocaine de la réaction des gardes-frontières algériens, sujets de provocation par un groupe de contrebandiers marocains, ainsi que son exploitation politico-médiatique «abusive» le 18 octobre dernier. «La manipulation des faits et l'escalade dans le discours des autoritésmarocainesà des fins pour le moins inavouables, témoignent d'une attitude irresponsable qui ne sied point aux valeurs de fraternité et de bon voisinage qui lient les deux peuples», précise un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «L'Algérie, qui déplore la propension de certains dirigeants marocains à travestir la vérité, rejette, encore une fois, le recours à ces méthodes provocatrices au moment où le contexte international et régional exige une relation sereine et constructive ainsi que de la retenue dans les actes comme dans les propos», a-t-on souligné de même source. «Cette inclination de la partie marocaine à détériorer délibérément le climat des relations bilatérales ne sert ni ses intérêts bien compris ni ceux des peuples de la région», déplore le ministère des Affaires étrangères. A. K.