La commémoration du déclenchement de la Guerre de libération est un jour de fête, comme l'est celui marquant l'indépendance. Tous les pays le célèbrent avec faste. Bien avant son arrivée, villes et villages se parent et se préparent. On sort guirlandes, oriflammes et drapeaux. On fait appel aux techniciens en son, lumières, pyrotechnie, décoration et paysagisme. On nettoie et lave à grande eau les rues. On ravale les façades des immeubles lépreux. Pour que le jour venu, la ville soit à la hauteur de l'événement, digne de fêter le jour mémorable. L'Algérie, plus que beaucoup de pays, est en droit de voir son 1er Novembre célébré de la manière la plus éclatante, comme le fut la lutte que ce jour là lança contre un des colonialismes de peuplement les plus barbares. Première vitrine du pays, la capitale, Alger, se devait donc d'être la méritoire représentante de toutes les villes, villages et douars de la vaste Algérie. Elle a la responsabilité et la mission de présenter une image exemplaire. Elle ne le fut pas. Le visiteur étranger débarquant à Alger aurait eu du mal à deviner que la ville fêtait une date-phare. Il y avait certes de la musique et de la joie, mais c'étaient seulement des îlots, qu'on pourrait aisément mettre sur le compte de l'ambiance du soir qu'on trouverait tous les jours sur les places de toute capitale. En dehors des grandes artères, où on ne s'est d'ailleurs pas cassé la tête pour faire preuve de créativité dans l'éclairage, la pénombre régnait dans les rues d'Alger, qui n'étaient pas un exemple de propreté. A peine si on croisait quelques palmiers et arbres entortillés grossièrement dans des cordons lumineux. La façade maritime de la capitale enveloppée par la nuit était triste à mourir. Idem pour la Casbah, qui fut un des bastions de la lutte. On a bien monté un grand spectacle pour l'épopée de l'Algérie. Mais on l'a enfermé dans une salle, la coupole. Le concepteur et ceux qui donnent le feu vert auraient été mieux inspirés s'ils avaient choisi la rue pour scène, et tous les citoyens pour public. Qu'est-ce qui aurait empêché de monter le spectacle, par exemple, sur la place du théâtre d'Alger, face à la mer, à un jet de pierre de la Casbah ? Pourquoi n'a-t-on consenti à la dépense pour que tout Alger brille de mille feux et rende écho aux chants et à la musique une semaine durant, au moins ? Ne serait-ce que par fanfaronnade, défi, ethnocentrisme ou n'importe quel autre sentiment Alger devait, même si ce n'est que pour ce jour seulement, tout faire pour être aussi belle, lumineuse, joyeuse et fêtarde que la capitale du pays colonisateur quand elle célèbre, elle, une date historique. Le plus révoltant est de savoir qu'on aurait pu beaucoup mieux faire, et que si ça ne s'est pas fait, c'est tout simplement parce qu'on n'a pas su, ce qui est dramatique, ou on n'a pas voulu, ce qui est grave. Au final, c'est du pareil au même et ça se résume en une phrase : il y a des responsables qui ne méritent pas d'être aux postes qu'ils occupent. H. G.