Photo : Riad Par Youcef Salami L'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) semble déterminée à appliquer résolument les décisions de réduction qu'elle a engagées depuis septembre dernier. Elle a abaissé ses quotas de production de 1,5 million de barils par jour, en janvier, à 26,1 millions de barils par jour. C'est une donnée rapportée par Reuters et révélée par Conrad Gerber, le dirigeant du cabinet genevois Petro-Logistics. Les onze membres de l'organisation pétrolière souscrivent ainsi à des décisions jugées importantes, tranchées dans un contexte économique des plus difficiles. La crise économique a, en quelque sorte, fait prendre conscience à certains membres de l'OPEP que face à la chute des cours du pétrole, ils n'ont pas réellement le choix et qu'ils sont contraints de mettre de coté leur égoïsme. L'OPEP, après des réunions extraordinaires, dont la dernière a été organisée début novembre, au Caire, est parvenue, le 17 décembre dernier, à Oran, à une baisse record de sa production, de 2,2 millions de barils, en vigueur à compter du 1er janvier. Les onze pays soumis aux quotas ont appliqué à 75% cette baisse de production. Un volume auquel il faut ajouter la réduction opérée en octobre dernier. Selon Petro-Logistics, la production de l'Arabie saoudite aurait été de 8,06 millions de barils par jour en janvier. C'est un strict respect de son quota de production (8,05 mbj). Cela coïncide avec les dernières déclarations du ministre saoudien du Pétrole, Ali Nouaimi, qui a indiqué que son pays produisait huit millions de barils par jour. Ils ont fait du «bon travail», c'est «très encourageant», estime Gerber, en référence aux efforts de l'organisation pour réduire l'excédent de production qui pèse actuellement sur les prix du pétrole et soutenir les cours de l'or noir. Petro-Logistics est un cabinet connu et reconnu. Son activité consiste à fournir une estimation indépendante sur la production des pays de l'OPEP. Les analyses qu'il effectue font autorité sur les marchés pétroliers. Le cabinet genevois se fonde sur des données fournies par les ports, en surveillant en particulier les mouvements des superpétroliers, et par des éléments recueillis officieusement au sein des compagnies pétrolières nationales. Les données qu'il diffuse sur l'évolution de l'offre pétrolière de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ne s'éloignent pas de celles avancées récemment par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, pour lequel, les pays OPEP sont en train d'appliquer rigoureusement les meures de réduction qu'ils ont prises et que celles-ci commencent à dégager de bons résultats, allusion faite à la légère remontée des cours constatée ces dernières semaines. Le redressement des marchés reste toutefois précaire et surtout aléatoire. Jeudi 22 janvier, pour l'exemple, le baril du brut a gagné trois dollars. L'euphorie était de courte de durée. Vendredi 23 janvier, les cours sont repartis à la baisse sur le marché new-yorkais, la chute des marchés d'actions mettant en évidence les menaces qui pèsent sur la croissance et la consommation et occultant les efforts tangibles réalisés par l'OPEP pour réduire l'offre. De plus, la vigueur du dollar face à l'euro et la chute continue de la livre sterling sont en défaveur de l'or noir. Le contrat de mars 2009 sur le brut léger américain perdait 2,89% à 42,41 dollars le baril et le brent cédait 1,61% à 44,66 dollars. Et les mauvaises nouvelles continuent. L'entrée en récession du Royaume-Uni ou les résultats en baisse de General Electric tombent ainsi au mauvais moment. Et cela n'échappe pas aux analystes. Nous continuons de penser que la faiblesse de la croissance économique devrait avoir sur la demande pétrolière un impact bien supérieur à celui actuellement intégré dans les consensus d'estimations d'offre et de demande, juge Adam Sieminski, analyste de Deutsche Bank, dans une note de conjoncture rendue publique vendredi dernier. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole se réunira le 15 mars prochain en conférence ordinaire et il n'est pas exclu qu'elle réduise encore ses quotas, selon Chakib Khelil.