Photo : Riad Par Youcef Salami La fluctuation des cours du pétrole ne cesse d'alimenter les débats et les commentaires sur les effets de la crise financière actuelle sur les matières premières, l'or noir en tête. L'OPEP, acteur principal, connu et reconnu sur la scène des marchés, se débrouille comme elle le peut pour enrayer la chute des prix. Elle a réduit ses quotas de production de 2,2 millions de barils par jour. C'était à la faveur de la réunion d'Oran du 17 décembre dernier. Et il n'est pas exclu qu'elle opère d'autres coupes dans les mois à venir, si la déprime des marchés continue. Elle n'a, en tout cas, pas le choix ; elle ne peut agir que sur l'offre. Réussira-t-elle dans sa démarche ? L'Organisation ne peut compter que sur elle-même, parce les non-OPEP ne semblent pas vouloir jouer le jeu. Pourtant, tout le monde subit les conséquences d'une détérioration des marchés. La Russie, gros producteur pétrolier et gazier, est entrée en récession. Son budget pour 2009 est dans le rouge. Le pays est ainsi confronté à un nouveau problème, celui de la crise financière mondiale, qui ne cesse de s'étendre. Les responsables russes, qui affirmaient jusque-là que le pays ne devrait pas éprouver trop de difficultés à faire face à la situation grâce à l'épais matelas de devises tirées des exportations de matières premières, notamment des hydrocarbures, ont vu les prix de ces derniers plonger brusquement. Dans une déclaration récente, le vice-ministre russe du Développement économique, Andreï Klepatch, avait souligné que les prévisions de croissance de 6,8% du PIB devaient être revues à la baisse, avant que ses propos ne soient démentis quelques jours plus tard par le ministre des Finances, Alexeï Koudrine. La Russie s'est fait représenter à la conférence extraordinaire d'Oran, par une forte délégation conduite par le vice-Premier ministre. Quatre P-DG de grosses boîtes russes étaient de la délégation. Ils ont eu à rencontrer des responsables du groupe Sonatrach. Mais rien n'a filtré sur cette réunion. Les Russes présents à Oran se sont cependant montrés peu bavards, circonspects. Une somme de questions leur ont été posées au sujet de leur éventuel soutien à la décision de réduction prise par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, au terme de cette conférence extraordinaire d'Oran. Ils n'ont pas soufflé mot. Indépendamment de l'attitude des non-OPEP, à commencer par la Fédération de Russie, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole fait face à des critiques. Et des reproches lui sont faits. Certains estiment ainsi qu'elle ne fait que réagir après coup à une baisse rapide de la demande pétrolière. Et que le marché ne prend pas au sérieux ses décisions, parce que certains de ses membres ne les appliquent pas. Beaucoup de choses ont été d'ailleurs dites à propos de la baisse de quotas que l'OPEP a engagée le 24 octobre dernier, à Vienne, peu de pays l'ayant appliquée. Un léger mieux, cependant, concernant la décision prise à Oran, le 17 décembre dernier : nombre de membres se sont déclarés disposés à la mettre en œuvre. Les Emirats arabes unis s'apprêtent à se conformer aux quotas de l'OPEP en abaissant leur production. Les Emirats arabes unis ont rejoint les Saoudiens en affirmant qu'ils allaient complètement se conformer à la réduction des quotas de l'OPEP, le marché le prend comme un signal positif, a résumé Mike Fitzpatrick, de MF Global, cité par Reuters. Ces deux pays sont parmi les principaux producteurs de pétrole au sein de l'OPEP. Et à mesure que le marché reçoit des informations sur des baisses effectives de l'OPEP, on observe un certain rebond, a fait remarquer de son côté James Williams, de WTRG Economics. Il faut dire que l'OPEP, quoi qu'on en dise, a relativement réussi à maintenir la cohésion en son sein. Et qu'elle a regagné de l'influence politique, depuis quelques années. N'est-elle pas parvenue à attirer de nouveaux membres ? L'Angola et l'Equateur y ont adhéré, il y a deux ans. L'Angola est un important producteur. L'Equateur l'est moins. L'Organisation a peut-être perdu de sa capacité à contrôler les prix dans le sillage de la crise financière mondiale actuelle. L'OPEP peut faire remonter les cours de l'or noir en réduisant sa production, en jouant sur l'offre, comme expliqué plus haut. Il y a quelques mois, elle faisait face à la flambée des cours. Des pays consommateurs lui demandaient de mettre davantage de pétrole sur les marchés. L'Organisation est sans doute plus influente qu'il y a quelques années. Elle représente 42% du pétrole mondial, avec plusieurs de ses treize membres assis sur les réserves les plus importantes au monde, et un potentiel de hausse de la production pour des dizaines d'années. Alors qu'à une époque, elle n'attirait plus beaucoup, les deux nouveaux pays qui l'ont rejointe, accroissent certainement son poids.