Chose promise, chose due : la première Symbol algérienne sortira de l'usine Renault-Algérie de Oued Tlelat, à Oran, aujourd'hui, lundi 10 novembre, en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Avec le projet porté par les deux parties, cet événement économique symbolise la relance de la coopération algéro-française, parfois mise à mal par des considérations politiques et idéologiques. L'ambition de l'Etat français est de «renforcer le partenariat économique, notamment en encourageant les projets industriels franco-algériens», avait récemment assuré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international, Romain Nadal, confortant les déclarations de l'ambassadeur français en Algérie, Bernard Emié, qui, dans une conférence de presse animée la semaine dernière à Oran, avait souligné le désir de son pays de redevenir «le premier partenaire économique de l'Algérie et passer à une nouvelle phase encore plus positive». Ce qui, selon Romain Nadal, passera par quatre axes prioritaires : «Le développement des infrastructures et des transports, la promotion de projets de villes nouvelles aux normes internationales, le développement de la coopération en matière de tourisme et l'innovation en matière d'énergie.» Au-delà de la Renault Symbol On l'aura donc compris, la visite aujourd'hui de Abdelmalek Sellal et de Laurent Fabius, qui sera accompagné d'une importante délégation, dépasse largement le cadre de la réception très symbolique d'une voiture pour aller embrasser tout un ensemble d'axes de coopération et de partenariats gagnant-gagnant que les deux pays espèrent voir se développer dans les prochaines années. Cela dans un contexte marqué par un intérêt croissant de plusieurs autres pays, parmi lesquels les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne ou encore la Chine, pour les opportunités d'investissement en Algérie. Ce qui ne semble pas inquiéter l'ambassadeur français qui, dans la même conférence de presse, avait rappelé qu'en 2013 son pays était le deuxième partenaire économique de l'Algérie, avec des échanges s'élevant à 10 milliards d'euros, et le premier investisseur hors hydrocarbures et premier employeur étranger. «Les 450 entreprises françaises, présentes dans le pays, ont permis de créer 40 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects», avait-il ajouté en assurant que la réunion du Comité mixte économique franco-algérien (Comefa), prévue pour aujourd'hui, devrait permettre de passer à «un nouveau stade» dans le processus de partenariat. Du reste, Bernard Emié terminera en rappelant que les ambitions partagées des deux pays se sont traduites par la mise en place du Comité intergouvernemental de haut niveau (Cihn), présidé par les Premiers ministres algérien et français, dont la première réunion s'était tenue en décembre 2013 à Alger, la deuxième étant prévue dans la capitale française en décembre prochain. 25 000 véhicules pour commencer Pour revenir à la première voiture algérienne qui sort de l'usine aujourd'hui, il s'agit, selon les premières informations, d'un véhicule de haut de gamme doté de tous les équipements dont le système GPS. Lors de la présentation du prototype en septembre dernier, les responsables de Renault-Algérie avaient assuré que la Symbol présenterait les mêmes gages de qualité du point de vue esthétique et répondrait aux dernières normes en termes de sécurité routière. Pour rappel, pendant les cinq premières années, l'usine de montage devrait produire 25 000 unités/an avant de porter ce nombre à 75 000 véhicules/an dès 2019. Dans un entretien accordé à l'APS, le président du directoire de la Société de gestion des participations de l'Etat (SGP) Equipements industriels et agricoles, Bachir Dehimi, avait indiqué que le projet de l'usine Renault avait coûté, à ce jour, près de 50 millions d'euros. «Il est prévu une augmentation des investissements pour atteindre les 400 millions d'euros dans la phase correspondant au passage de la production de 25 000 à 75 000 voitures par an, avant d'atteindre quelque 800 millions d'euros dans l'étape de la fabrication d'une moyenne annuelle de 150 000 véhicules», précisera-t-il. Côté prix, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, ne s'est pas trop avancé, se contentant d'indiquer qu'il devrait être inférieur au véhicule importé du même modèle. «Notre rôle en tant que pouvoirs publics était d'accorder toutes les facilitations nécessaires au partenaire afin qu'il puisse créer l'usine et fabriquer cette voiture dans les délais impartis», avait-il prudemment souligné. Au volet intégration de la main-d'œuvre locale, l'on indique que le taux avoisine aujourd'hui les 17% pour un objectif annoncé de 42% à l'horizon 2019, soit lorsque les capacités de production atteindront les 75 000 véhicules. La société mixte algéro-française (dont le projet de réalisation avait démarré en décembre 2012, lors de la visite d'Etat du Président français) est détenue par l'Algérie à hauteur de 51% - à travers la Société nationale des véhicules industriels (34%) et le Fonds national d'investissement (17%) - et à 49% par le constructeur français. S. O. A.