Cela a pratiquement la particularité de se passer comme ceci. Une personne qu'un individu a perdue de vue depuis qu'il a changé d'entreprise, et parfois depuis le lycée ou l'université, est rencontrée au détour d'une rue par hasard et parfois dans une ville autre de laquelle ils sont tous originaires. Bref, l'individu lambda regarde à deux fois son vis-à-vis, se jure que c'est lui et enfin l'aborde, «Vous êtes bien untel, nous avons été au lycée ensemble. Mais c'est quand même extraordinaire, contrairement à moi qui était chétif et suis aujourd'hui à la limite de l'obésité dangereuse, vous avez la silhouette d'un fil de fer alors que vous pesiez près de cent kilos. Dites-moi votre secret, parce que franchement moi je ne me supporte plus ainsi». Dubitatif, l'ami du lycée répond presque avec rancune : «C'est tellement simple devenez diabétique et supportez-le.» C'est vrai qu'à ce propos, c'est là la question que nous nous posions tous avant que le diabète ne fasse partie du décor ambiant. Une personne malingre devenue subitement grosse est vite jalousée parce que sans trop chercher à comprendre, n'importe qui s'imagine qu'elle est tombée sur un jackpot, qu'elle a trouvé un raccourci pour s'enrichir même malhonnêtement, et quand c'est le contraire la même personne est jalousée parce qu'omnipotente physiquement elle est subitement devenue le type de top model par excellence. Eh, oui ! Malheureusement c'est à cette nouvelle apparence que les diabétiques sont désormais reconnus et donc moins importunés par des questions, voire un interrogatoire oiseux plus versé dans le voyeurisme que la compassion. Mais bien entendu, ce n'est pas seulement à cette seule difficulté physique que se singularise ladite pathologie, qui en est aujourd'hui à se présenter sous plusieurs formes plus ou moins numérotées de 1 à 3, ou nommément citées comme étant de type insidieux (et toute maladie ne peut que l'être hélas compte tenu des dommages induits. Quels qu'ils soient), gestationnel, néonatal, rénal... Il serait question de 2, 3 et même 4 millions de diabétiques en Algérie. Ces approximations indiquent, on ne peut mieux, l'intérêt accordé à la maladie et surtout à la santé des citoyens par les pouvoirs publics, et ce, d'autant plus que les moyens de prévention existent aujourd'hui et font qu'à travers le monde, le diabète n'est plus une pathologie redoutable. Elle serait même tombée dans le commun. C'est dire. A. L.