Selon un cadre de l'Algérienne de gestion des autoroutes (AGA), rencontré en marge de l'inauguration officielle du 12e Salon international des travaux publics (Sitp 2014), mercredi dernier au Palais des expositions des Pins maritimes à Alger, «la bonne exploitation des unités de services, dont notamment les quarante-huit gares de péages sur échangeurs et sept gares de péages en pleine voie que va compter l'autoroute Est-Ouest, exige un savoir-faire en la matière que nous ne possédons pas pour la simple raison que l'autoroute Est-Ouest est la première du genre en Algérie». À la question de savoir si ce retard va pouvoir être rattrapé, notre vis-à-vis nous a indiqué : «Comme l'AGA est appelé à prendre en charge toute seule l'exploitation de cette importante infrastructure selon les standards internationaux, nous allons donc, dans un premier temps, mettre à profit la clause inscrite dans le cahier des charges signé par l'entreprise étrangère qui va gérer en cogestion avec l'AGA les infrastructures de services et qui stipule que le partenaire étranger doit assurer, d'une part, la formation du personnel technique de l'entreprise locale partenaire et, d'autre part, le transfert de technologie.» Autre volet abordé celui des gares de péages : où vont elles être implantées et comment se fera leur exploitation puisque les travaux de toutes les infrastructures de services ont été engagés depuis le début de cette année ? D'après notre interlocuteur, le système de péage sera de type fermé, avec des tronçons libres de péage sur les sections pénétrantes urbaines de l'autoroute qui sont situées dans la proximité immédiate d'Alger, d'Oran, et de Constantine. Il est constitué de gares de péage sur échangeur, et de barrières de péage en pleine voie, avec prise de ticket en entrée et paiement en sortie. «Pour les sections urbaines à Constantine ou Alger, pour lesquelles l'actuelle autoroute Est-Ouest est libre de péage, le plan d'aménagement retenu privilégie l'implantation de barrières à une distance suffisante des agglomérations, plutôt qu'un péage intra-urbain ou périurbain afin de diminuer l'impact du péage sur les activités urbaines et réduire les nuisances inhérentes au péage (bruits, pollution, attente)», expliquera la cadre de l'AGA. «Les gares de péage seront placées au niveau des échangeurs, loin de l'axe routier de 2 à 3 kilomètres, et seront dotées de système d'alerte sécuritaire afin d'interdire le passage des véhicules transportant des produits dangereux ou illégaux, selon l'étude technique», précisera-t-il. Quant aux modalités de paiement aux guichets des péages, «ils seront soit par carte bancaire, carte de péage ou en espèces, selon la distance parcourue sur l'autoroute et la catégorie du véhicule. Les catégories des véhicules assujettis au péage prennent en compte le nombre d'essieux ainsi que la hauteur du véhicule (hors chargement)», indiquera le responsable. À notre question de savoir la raison du choix du système fermé, il dira que «cette formule permet de contrôler le véhicule à son entrée et à sa sortie de l'autoroute. Le montant à payer sera calculé en fonction du trajet parcouru et de la catégorie du véhicule». En ce qui concerne les prix ou tarif qui seront appliqués, notre interlocuteur s'est contenté de nous rappeler que le directeur général de l'AGA, Ali Khelifaiti, s'était prononcé sur le sujet dans une interview qu'il a accordé à l'APS en début d'année. M. Khelifaiti avait annoncé que le tarif sera étudié afin d'être à la portée des usagers. «Les propositions étant sur le bureau du Chef du gouvernement» qui devra fixer les tarifs, avait affirmé le ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, lors de son passage dernièrement au forum du quotidien Liberté. Le ministre précisera que les prix seront «objectifs et raisonnables», mais «évolutifs» avec le temps. En outre, M. Kadi a estimé que le péage sur l'autoroute Est-Ouest prendra effet le début de l'année 2016. Toutefois, selon des experts, cette échéance ne pourrait être respectée dans la mesure où, en plus des gares de péage à réaliser, les entreprises en charge devront aussi ériger d'autres infrastructures de services. En effet, trois consortiums, composés d'entreprises algériennes et étrangères, sont désignés pour effectuer les travaux d'équipement et chacun sera chargé de la réalisation d'un lot de l'autoroute. Ainsi, le groupement algéro-luso-espagnol (Etrhb, Texeira, Sais) effectuera les travaux du lot ouest. Un groupement algéro-ibero-suédois (Cosider, Indra, Ericsson) se chargera de la partie centre, le dernier groupement algéro-italien (Rotahem, Daravera) réalisera le lot est. Ils auront donc à réaliser à eux trois 76 aires de repos, mettre en place des équipements des stations de péage et les centres d'entretien ainsi que les équipements de sécurité, comme les bornes de détresse. Notons enfin que le lors de notre passage au 12e Salon des travaux publics nous avons discutés avec des visiteurs du stand de l'AGA pour tenter de savoir de ce qu'ils pensent de la prochaine application du péage sur l'autoroute Est-Ouest. L'un deux se demande si l'on va payer pour un service médiocre, allusion faite à l'état de dégradation de certains tronçons d'autoroutes. Ce dernier espère seulement que le jour de la mise en application du péage tous les désagréments auront disparus. Un autre a reconnu que le péage est légitime dans le sens où cette importante infrastructure routière sera dotée prochainement de tous les équipements de servitude, autant en direction des usagers que pour la sécurité et l'entretien de l'ouvrage. C'est aussi l'avis du responsable du stand qui indiquera que «le péage sur cette autoroute est nécessaire à mettre en place puisqu'il va servir à compenser les investissements de l'Etat et permettra de générer des recettes pour financer l'entretien de cette infrastructure, dont les salaires du personnel». D'autres visiteurs qui empruntent l'autoroute au moins une fois par mois estimeront qu'«un tarif de 1 000 dinars sur une distance égal à 400 km paraît tout à fait acceptable. Mais au-delà, cela deviendrait cher pour les particuliers, mais abordable pour les professionnels». Ainsi, il est attendu du gouvernement qu'il fixe un tarif qui puisse arranger toutes les catégories d'utilisateurs de l'autoroute afin que chacun, gestionnaire et usagers, trouve son compte. Z. A.