Entretien réalisé par Billal Larbi LA TRIBUNE : Votre film intitulé les Poupées en roseaux vient d'être projeté. Voulez-vous nous en faire un bref résumé ? Ahmed Baïdou : Comme vous avez bien pu le constater, le tournage a eu lieu dans la région du Rif marocain. Le film dont la durée est de 11 minutes est focalisée sur une personne, Saïd, lequel vit dans une solitude et une frustration permanente. Il essaie de compenser son isolement en matérialisant son monde imaginaire pour donner libre court à ses fantasmes... Tout au long du film, il apparaît clairement que tout est concentré sur Saïd. Vous avez mis en évidence sa solitude et le fait qu'il ne soit pas mêlé à la société. Quel est le message que vous voulez faire passer ? En fait, je m'adresse à tous ces parents qui influencent trop leurs enfants, ne leur offrant pas une marge de manœuvre suffisante. Dans notre société, les tabous sont légion. Il y a trop d'interdits. Parfois, pour ne pas dire souvent, les enfants grandissent avec ces tabous. Cela ne peut assurément que constituer un frein à leur épanouissement et à leur développement. J'estime qu'il faut que authenticité et modernisme aillent de paire. Revenons à ces Journées internationales du court métrage. Quel est votre sentiment sur le déroulement de la manifestation et comment l'avez-vous trouvée ? D'abord, je dois dire que je me plais dans cette charmante ville de Blida. Les gens sont gentils et vous adoptent de prime abord. S'agissant de la rencontre, j'estime que c'est une opportunité pour échanger les idées et les expériences entre réalisateurs. En outre, je pense que pour le public, voir plusieurs films par jour enrichit sa culture et lui fait découvrir plusieurs facettes de tel ou tel autre pays. En tous cas, je suis personnellement convaincu d'une chose : un film quel qu'il soit, reflète l'image d'un pays donné. Comment trouvez vous le cinéma maghrébin ? Honnêtement, je dirais qu'en dépit du manque de moyens, le niveau est de façon générale acceptable. Les plateaux de tournage sont excellents et n'on rien à envier à ceux des nations qui sont leaders dans le monde du cinéma. Il y a une dynamique qui augure de lendemains meilleurs pour notre cinéma. Cela dit, je vous avouerais que je ne connais pas très bien le cinéma tunisien, contrairement bien sûr au cinéma de mon pays et du vôtre. Chez nous, il y a 30 à 40 métrages par an ce qui est tout de même loin d'être négligeable. Et pour conclure ? J'aimerais lancer un appel aux autorités chargées du volet culturel. Il y a beaucoup de jeunes talents qui ne demandent qu'à être encadrés et guidés. Il est vital d'investir dans la jeunesse car c'est elle l'avenir de tout pays.