De violents affrontements ont éclaté vendredi soir entre manifestants et policiers à Touggourt, dans la wilaya de Ouargla, causant la mort de deux jeunes et des blessures à une trentaine de personnes. Ces incidents se sont produits à la suite de protestations d'habitants du quartier Draa El baroud, dans la commune de Nezla, contre les retards dans l'attribution de lots de terrain, la construction et le raccordement au réseau d'alimentation en eau potable. Les manifestations ont vite dégénéré en émeutes après l'arrestation d'une vingtaine de jeunes. Les contestataires, en colère, ont décidé de bloquer la circulation de la RN3. Les forces de l'ordre sont intervenues à coup de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser les manifestants, qui se sont alors dirigés vers le commissariat de police, situé entre le quartier Draa El Baroud et la cité des sables, tentant de l'investir. C'est à ce moment que les deux manifestants seraient morts. Un communiqué du procureur de la République territorialement compétent, qui a ordonné hier l'ouverture d'une enquête «préliminaire» ainsi que l'autopsie des corps des deux victimes, a précisé que «deux personnes, touchées par balle, ont perdu la vie et plusieurs autres ont été blessées dont des éléments de la Sûreté nationale». Il s'agit de deux jeunes, les nommés Toumi Meftah (âgé de 24 ans) et Malki Nourredine (âgé de 20 ans), selon la direction locale de la santé et de la population (DSP) de Ouargla. Les affrontements ont également fait une trentaine de blessés, des manifestants mais aussi des membres des forces de l'ordre, selon une source hospitalière citée par l'APS qui a confirmé l'existence de cas graves parmi les blessés. Tôt dans la matinée d'hier et à la suite de ces événements, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, accompagné du directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, du SG du ministère de l'Intérieur ainsi que des cadres du même département, a effectué le déplacement vers la wilaya de Ouargla. Selon la correspondante d'un quotidien national, Tayeb Belaïz a, dès son arrivée, pris la décision de limoger les chefs de daïra et de sûreté de la daïra de Touggourt. Il a également demandé l'ouverture sur le champ d'une enquête afin de déterminer les circonstances exactes de la mort des deux manifestants. Selon l'agence de presse algérienne APS qui a donné l'information, Belaïz «devrait au cours de sa visite présenter ses condoléances aux familles des deux morts puis se rendre au chevet des blessés, avant de tenir une réunion avec les autorités locales». Lors de cette réunion, Tayeb Belaïz exigera, à ne pas en douter, des explications sur le retard enregistré dans la distribution des lots de terrain car, faut-il rappeler à ce propos, que le président de la République, relayé par son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait ordonné à ce que toutes les distributions aux citoyens relatives aux logements finis, aux terrains ou autres, soient faites dans les plus brefs délais. Le ministre devra également, qu'il ait limogé le chef de daïra et le chef de sûreté de Touggourt ou pas, prendre des mesures à même de calmer les esprits dans cette ville car ses habitants crient à la bavure policière et demandent une enquête impartiale. Et ils ne sont pas les seuls. Le président du MSP a également appelé, hier, à l'ouverture d'une enquête sur les circonstances de la mort des deux jeunes manifestants. Abderrezak Makri a, par ailleurs, appelé les habitants de Ouargla à exprimer leurs revendications pacifiquement et «éviter la violence dans tous les cas». Pour sa part, le RCD a condamné «avec force» la mort des deux jeunes manifestants, exigeant à ce que «justice soit rendue». H. Y. Ouverture d'une enquête «préliminaire» et autopsie des corps des deux victimes Le procureur de la République territorialement compétent a ordonné l'ouverture d'une enquête «préliminaire» ainsi que l'autopsie des corps des deux victimes décédées suite aux incidents survenus à Touggourt, a indiqué, hier, un communiqué du procureur de la République près la cour de Touggourt. «Le procureur de la République territorialement compétent s'est déplacé sur les lieux pour faire le premier constat et a ordonné l'ouverture d'une enquête préliminaire ainsi que l'autopsie des corps des deux victimes, et ce pour déterminer les tenants et aboutissants de ces faits survenus dans le sillage des évènements qu'a connus la ville de Touggourt (Ouargla)», précise le communiqué. L'enquête «préliminaire» sera ouverte suite aux «incidents survenus vendredi soir (28 novembre) à Touggourt où les manifestants avaient pris d'assaut le siège de la Sûreté de daïra de Touggourt. Deux personnes, touchées par balle, ont perdu la vie et plusieurs autres ont été blessées dont des éléments de la Sûreté nationale». Belaïz appelle au dialogue et annonce «d'importantes» décisions en faveur des habitants Le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Tayeb Belaïz, a appelé, hier à Touggourt, «à veiller au calme et à opter pour le dialogue». Présidant une rencontre en présence des autorités locales, de notables et de représentants de la région de Touggourt, M. Belaïz a affirmé que «le dialogue est le moyen indiqué pour solutionner les problèmes soulevés» et que la «violence n'engendre que la violence qui, elle même, ne servira personne». Le ministre a fait part de «décisions préliminaires», notamment celles de suspendre de leurs fonctions le chef de la daïra de Touggourt et le chef de la sureté de daïra, ajoutant que l'enquête se poursuivra pour «déterminer les autres responsabilités». «D'autres mesures importantes ont également été prises, dont certaines seront mises en œuvre aujourd'hui ou demain, notamment celles liées au dossier d'attribution de lots de terrain à bâtir», dira encore M. Belaïz, assurant que «les préoccupations soulevées seront prises en charge, progressivement». Le ministre de l'intérieur a annoncé, à cette occasion, l'octroi d'une aide d'un million de dinars et d'un logement à chaque famille des deux personnes décédées, «en signe de soutien de l'Etat aux familles endeuillées», a-t-il dit.