Pour la deuxième semaine consécutive, les médecins généralistes affiliés au Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) ont débrayé hier. La semaine dernière, c'était pour une seule journée et cette fois-ci pour deux jours (hier et demain). La protestation se poursuivra encore la semaine prochaine en observant trois jours de grève au lieu de deux ou d'un seul, alors que pour celle qui suivra, le mouvement est annoncé pour quatre jours. Le suivi du mouvement protestation diffère d'une wilaya à une autre et d'un établissement à un autre. Le service minimum est assuré à 100% comme stipulé par la loi, mais pour le reste la perturbation est bien perceptible. Pas forcément pour cause de la grève mais en raison de tout un ensemble de dysfonctionnements qui continuent d'accompagner la gestion de toutes les structures de santé à travers le pays. Difficile de confirmer les chiffres avancés par les uns et les autres concernant l'adhésion de la corporation à l'action protestataire. Le Syndicat annonce plus de 75% de taux de suivi et la tutelle, comme c'est le cas chaque fois, le minimise. Une grande polémique, bien qu'elle ne soit pas la première, est née de cette reprise de la protestation. En effet, apprend-on, au lieu d'engager des discussions avec le Snpsp qui, lui seul, a averti qu'il reprendrait ses mouvements de grève à partir de fin novembre dernier, en déposant d'ailleurs un préavis de grève dans les délais et en bonne et due forme, la tutelle l'a simplement court-circuité. Le département de Abdelmalek Boudiaf a préféré faire appel à un autre syndicat, représentant lui aussi les médecins généralistes mais dont les positions diffèrent totalement de celui qui a appelé à la grève. Ce syndicat proche de la tutelle, étant affilié à l'Ugta (Union générale des travailleurs algériens), n'est autre que le Snmgsp (Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique). Légitime ou pas légitime, cette reprise de la protestation chez les praticiens du Snpsp, de l'avis des pouvoirs publics aussi bien que de nombreux citoyens, le recours de la tutelle à un autre syndicat pour «casser» le mouvement est très mal vu. Le Snpsp est le premier à dénoncer cette manière de faire, parlant d'un syndicat «fantoche». Dans son dernier communiqué, publié sur le site web, le syndicat a démenti les informations faisant état d'un accord conclu avec la tutelle. «Le syndicat national des praticiens de la santé publique informe l'ensemble de ses adhérents qu'aucune réunion de conciliation n'a été programmée par le ministère de la Santé. De ce fait, les déclarations et autres communiqués émanant de la tutelle et ses relais traditionnels faisant état d'un accord conclu entre le Snpsp et le Msprh sont totalement infondés.» Dimanche dernier, soit la veille même de la grève du Snpsp pour cette deuxième semaine, le président du Syndicat national des médecins généralistes de la santé publique (Snmgsp), le Dr Salah Laouar, a assuré que «la plupart des revendications soulevées avaient été satisfaites par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière». Cela à l'issue d'une réunion qui a eu lieu jeudi dernier avec les représentants du département de la santé. Le syndicat «s'est félicité de la satisfaction de la plupart des revendications soulevées, notamment le passage des grades du médecin généraliste». Et comme pour répondre au Snpsp qui insiste sur la question des grades, le Dr Salah Laouar poursuit que «cela permettra d'assurer un passage massif au profit de l'ensemble des médecins généralistes, y compris ceux qui remplissaient les conditions mais n'avaient pas pu accéder aux grades supérieurs durant la période transitoire prévue par les statuts et qui a pris fin au 31 décembre 2012». Autres acquis, selon le même délégué syndical, «l'harmonisation au taux maximum de 30% de la prime d'amélioration des prestations de soins (Pasp) et la mise en oeuvre des dispositions relatives aux conditions de nomination des médecins généralistes à des postes supérieurs». Il est aussi question, selon le même médecin, de «la généralisation, à compter de 2015, des bourses de courte durée pour les praticiens généralistes, notamment au niveau des Etablissements publiques de santé de proximité (Epsp) outre l'intégration des praticiens de santé publique dans le domaine de la recherche en santé (projets de recherches financés par le ministère)». La tutelle a mis en place, poursuit-il, «un plan général de formation continue et le lancement de la formation de Certificat d'étude spécialisée (CES) dans plusieurs domaines à compter du 4e trimestre de l'année en cours». Telles informations ne cessent de susciter davantage l'indignation des syndicalistes et autres sympathisants du Snpsp. D'autant que cela montre, d'une certaine manière, que la tutelle n'est pas prête à reprendre le dialogue avec le syndicat récalcitrant sous prétexte justement que l'essentiel des revendications a été satisfait. Voilà qui ajoute de l'huile sur le feu et complique davantage la situation au grand malheur des malades qui n'ont eu de cesse de se plaindre de l'état catastrophique de la santé en Algérie. K. M.