L'administration pénitentiaire multiplie les programmes et les expériences avec le mouvement associatif dans le but d'aider les jeunes détenus à reprendre une vie normale au sein de la société après leur sortie de prison. Ainsi, après une collaboration réussie avec les scouts -qui ont accompagné, durant l'année 2008, 85 jeunes à la fin de leur détention-, l'administration pénitentiaire a ouvert les portes de ses prisons à l'association «Ouled El Houma» qui, depuis 2006, s'attelle à aider les jeunes détenus à réintégrer la société à travers le sport. Invité hier au forum d'El Moudjahid, M. Bergui Abderrahmane, son président, est revenu sur les activités réalisées ainsi que sur les objectifs visés. Il a expliqué que la réinsertion par le sport est une méthode qui a porté ses fruits : «Nous avons décidé de tenter l'expérience en Algérie à la suite d'une visite des centres de détention aux Etats-Unis en 2002 où le sport figure parmi les moyens de réinsertion. Depuis, plusieurs tournois dans différentes disciplines ont été organisés, et une grande adhésion des jeunes est enregistrée.» «Moins de violence et de dégoût» sont enregistrés chez les jeunes détenus ayant adhéré au programme sportif de «Ouled El Houma». «Ne se sentant plus rejetés par la société et percevant la considération qui leur est portée, ils réagissent de nouveau favorablement avec leur entourage», a affirmé M. Bergui. Trois coupes d'Algérie de football ont été organisées depuis 2006 à Oran, Chlef et Annaba. Des tournois de handball, de jeux d'échecs ou encore des semi-marathons ont également été organisés dans différentes prisons d'Algérie. L'association «Ouled El Houma» a également animé des rencontres culturelles où des chanteurs, à l'exemple de Meskoud, ou encore des comédiens comme Mohamed Hilmi ont été invités. Une projection de ces moments de détente a été présentée aux invités de la conférence-débat. Ces derniers, membres du mouvement associatif dans leur majorité, ont tenu à mettre en exergue le problème de l'emploi rencontré par les jeunes à leur sortie de prison à cause de la peine d'emprisonnement portée sur leur casier judiciaire. M. Bergui espère d'ailleurs que les pouvoirs publics se penchent sur la question : «Si les délits mineurs ne sont plus portés sur le casier judiciaire, je pense que de nombreux jeunes réussiront mieux leur réinsertion. Ces derniers, ne trouvant pas d'emploi, se demandent souvent quels moyens s'offrent à eux pour gagner leur vie. Retomber dans la délinquance est vite arrivé.» Le président de «Ouled El Houma» a annoncé, enfin, que son association préparait un programme qu'elle présentera à l'administration pénitentiaire afin d'accompagner et d'encadrer les jeunes délinquants à leur sortie de prison : «Nous espérons que la collaboration se poursuivra avec l'administration pénitentiaire et nous affichons notre volonté à participer dans les programmes de réinsertion des jeunes.» Prenant la parole, M. Lakhdar Fellioun, le directeur général de l'administration pénitentiaire, qui s'est félicité de cette collaboration, a soutenu que les efforts menés par son administration afin d'améliorer les conditions de détention, ce qui entre dans le cadre de la politique de la réforme pénitentiaire, portent déjà leurs fruits : «Le nombre de détenus inscrits pour les études à distance a été multiplié par 10 en 6 ans. De quelque 2 000 détenus qui suivaient des cours à distance en 2002, nous sommes à plus de 20 000 pour cette année. Avec le sport, les camps de toile et autres activités, le taux de réinsertion est de plus en plus élevé.» H. Y.