Samir Ould Ali Pour les diplomates africains qui prennent part à la deuxième session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité, du 9 au 11 décembre à Oran, trois conditions sont nécessaires à la mise en branle du processus qui permettra à l'Afrique de sortir la tête des crises multiformes et multidimensionnelles qui la secouent depuis des décennies : une appropriation des problèmes africains par les Africains eux-mêmes, une meilleure compréhension de la part du reste du monde -notamment des pays Occidentaux- et une même voix africaine au Conseil de sécurité des Nations unies : «Ce séminaire de haut niveau annuel se veut un espace de concertation, d'échanges et de partage d'expériences au moment où le continent africain est appelé à relever des défis multidimensionnels impactant la paix et la sécurité», a rappelé le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dans son allocution en rappelant cette triste statistique : 60% des questions inscrites à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies traitent des conflits et crises en Afrique. L'Afrique qui est submergée par les conflits armés, un terrorisme international en métastase, le trafic de drogue, le grand banditisme et, pour certains pays, la pauvreté ou la maladie. Dont le virus dévastateur d'Ebola qui a entraîné des milliers de morts et aggravé la situation de pays engagés dans des processus de stabilisation, de consolidation, de construction et de développement, a encore égrené le ministre algérien pour donner la mesure des défis qui attendent le continent africain. Mieux comprendre l'Afrique Pour autant, les dirigeants africains, à travers l'Union Africaine, ne sont pas restés inactifs, rassure Ramtane Lamamra, et se sont résolument engagés dans la prévention, le règlement des différends et le maintien de la paix. Il étaiera ses propos en rappelant les opérations déjà engagées de maintien de la paix telle la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom) ou la mission conjointe de l'UA et des Nations unies au Darfour et, prochainement, la mise en place de l'architecture africaine de paix et de sécurité et de la Force africaine qui constitueront les leviers de cet engagement. Il en va de même pour l'opérationnalisation de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (Caric) et des arrangements de sécurité collective envisagés par l'UA pour la région sahélo-saharienne dans le cadre du Processus de Nouakchott enclenché en mars 2013 par l'Union Africaine. Mais, seuls, les pays africains ne pourront raisonnablement pas faire face à leurs nombreux tourments. «L'appui des partenaires de l'Afrique demeure nécessaire», souligne le ministre algérien qui salue l'engagement des institutions spécialisées de l'ONU qui, comme l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar), ont un rôle spécifique à jouer dans le cadre du processus. Il n'est pas inutile de rappeler ici que l'Unitar, dont la représentante, Mme Sally Fegan-Wyles, a pris part à l'ouverture des travaux a déjà assuré la formation de 10 000 soldats des forces de maintien de la paix, dont 4 000 Africains. «Il est difficile pour les non-africains de comprendre la mentalité des Africains. D'où la nécessité que les trois représentants de l'Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies s'expriment d'une même voix», a insisté celle qui reconnaît que, même après avoir passé 20 ans en Afrique, il lui reste encore à apprendre et à comprendre. Assécher les sources financières du terrorisme Au chapitre de la lutte contre le terrorisme, Ramtane Lamamra a appelé à l'assèchement des sources financières obtenues grâce au trafic de drogue et la prise d'otages par une «lutte implacable contre les réseaux du crime et l'universalisation de l'interdiction de paiement des rançons». Ce qu'avait préconisé le Groupe de travail sur le Sahel relevant du Forum global de lutte contre le terrorisme (Fgct), l'été 2013 à partir d'Oran même, en assurant que l'assèchement de ses sources de financement était l'un des meilleurs moyens de combattre le terrorisme. Il reste que tout processus de paix doit s'accompagner d'un effort de développement et de lutte contre la pauvreté et la misère dont les conflits se nourrissent. Les diplomates et représentants des pays africains qui prennent part à cette deuxième session du Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité -dont l'Angola qui a été élue, pour la deuxième fois après les années 2003-2004, membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies- doivent, outre la capitalisation des résultats de la réunion de 2013, se pencher sur l'ensemble des crises qui secouent l'Afrique et identifier les voies et moyens à même de doter l'Afrique, à travers l'UA et ses représentants au Conseil de sécurité, des outils pour une contribution plus efficace au règlement des conflits en Afrique. S. O. A.