Mohamed Rahmani Ils sont 25 525 handicapés toutes catégories confondues à être pris en charge par la direction de l'action sociale de la wilaya (DAS), dont les locaux ne désemplissent pas et sont envahis chaque jour par des dizaines de ces personnes dont la plupart sont dans le besoin. En effet non-voyants, malentendants, handicapés moteur et handicapés mentaux s'accrochent à cette institution de l'Etat, la seule à même de les aider et de les assister dans leur quotidien difficile et compliqué du fait de leur handicap, en ces temps où le chacun pour soi a pris le dessus. Pour les handicapés moteurs au nombre de 12 154, soit près de la moitié de cette catégorie de la population, acquérir un équipement adéquat qui pourrait les aider un tant soit peu dans leurs déplacements quotidiens n'est pas évident et c'est un véritable circuit auquel ils sont soumis pour enfin en bénéficier, pour la plupart après 2 à 3 mois, selon le dossier médical fourni et la disponibilité dudit équipement. Ainsi, le dossier composé de 5 à 6 pièces, entre autres carte de handicapé, carte d'assuré social, une demande d'acquisition de l'équipement souhaité, un acte de naissance, un certificat médical attestant du handicap de la personne, pour ensuite le déposer au niveau de l'Onaaph (Office national d'appareillages et accessoires pour personnes handicapées) qui sera transmis à la Cnas. Cette dernière institution après étude du dossier, parmi tant d'autres, rend sa réponse qui peut être admise ou rejetée selon les cas. Il faudra attendre encore avant la livraison du fauteuil roulant simple, électrique ou le tricycle parce que importés de Chine. Cela peut durer de 2 à 3 mois pendant lesquels la personne handicapée ne peut se déplacer à moins d'être assistée par un membre de sa famille, qui n'est pas toujours disponible. Il faut dire que dans toutes les démarches entreprises l'handicapé est tenu de se présenter lui-même, ce qui est pour lui un vrai calvaire du fait qu'il dépend dans tous ses déplacements d'une autre personne. Pour les prothèses, mains, bras ou jambes fabriqués sur place par l'Onaaph, il faut là aussi faire tout le circuit avec tout ce que cela implique comme déplacements et désagréments. Dossier, médecins spécialistes, Cnas, transfert de dossier, admission ou rejet etc. «Ce n'est même pas un équipement digne de ce nom, nous a confié Ammi Ahmed, vieil handicapé moteur au volant de son tricycle, ça tombe souvent en panne, ce n'est pas confortable du tout et c'est payé entre 76 000 et 80 000 DA par la Cnas. Cet engin est de très mauvaise qualité, s'use très vite et n'est pas fait pour durer, il faut le changer tous les 3 à 4 ans. Ce qui est étonnant c'est qu'il n'y a pas de service après-vente auprès de l'Onaaph, qui se contente de vous fournir l'équipement sans plus et c'est à vous de vous débrouiller pour son entretien et sa maintenance. Vous me voyez moi, qui ne peux marcher, penché sur le moteur ou en train de changer une roue défectueuse ? Je me demande pourquoi est-ce que la Cnas a confié le monopole à l'Onaaph, seul fournisseur conventionné alors qu'elle aurait pu faire un avis d'appel d'offres et ouvrir le marché à d'autres opérateurs et là la qualité serait bien meilleure, et certainement qu'il y aurait des services après-vente qui prendraient en charge les appareils acquis auprès de ces fournisseurs. L'Onaaph étant assuré du monopole, elle importe ces équipements de Chine prend une grosse marge bénéficiaire et livre l'équipement sans se soucier de la qualité de la marchandise.» Pour les prothèses, jambes et bras, fabriqués localement, les handicapés se plaignent de la qualité de ces produits qui selon les personnes concernées ne répondent pas aux normes admises et gênent beaucoup plus qu'ils ne facilitent la vie. «Ces prothèses sont très lourdes et ne sont pas faciles à manipuler. Elles deviennent elles-mêmes un handicap et un frein au lieu de rendre mes déplacements plus faciles. Je me déplaçais bien plus rapidement avec mes béquilles et je pense enlever carrément cette prothèse qui est de très mauvaise qualité», nous a déclaré Houssem, jeune handicapé victime d'un accident de la circulation. Pour ce qui est des personnes handicapées non assurées, c'est plus ou moins facile d'acquérir l'équipement adéquat, puisque celles-ci sont prises en charge par la DAS. «Nous connaissons ces personnes puisque c'est nous qui leur avons délivré la carte d'handicapé. Nous avons un guichet unique où ils déposent leurs dossiers et c'est la DAS qui s'occupe de toutes les formalités», nous a déclaré M. Abadlia, directeur de cette institution, «et là, c'est l'Etat qui prend en charge le paiement des équipements. Chaque année nous distribuons à ces personnes, une trentaine de tricycles ou fauteuils roulants, les tracas relatifs à l'étude du dossier, son aboutissement ou son rejet sont éliminés à la base puisque nous connaissons les handicapés. Nous satisfaisons entièrement les demandes exprimées et, à ce jour, nous n'avons jamais failli.» Cependant, et il faut le rappeler, les équipements livrés, tricycles, fauteuils roulants simples ou électriques, béquilles, cadres de marche, attelles, chaussures orthopédiques et autres sont de mauvaise qualité, inconfortables et s'usent très vite ce qui nécessite des entretiens presque quotidiens pour les handicapés. Ce qui cause bien des désagréments à cette catégorie de population. M. R.