Le ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, repart satisfait de sa visite en Algérie, la première qu'il a effectuée depuis sa nomination à ce poste en avril 2014. «Nous sommes satisfaits de l'accueil que le gouvernement algérien nous a réservé et de la qualité des échanges que nous avons eus. Les débats étaient d'une grande richesse et d'un grand intérêt», avec le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Tayeb Belaïz ainsi qu'avec le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a déclaré M. Cazeneuve lors d'un point de presse, à l'issue de ses entretiens avec des membres du gouvernement à Alger. «Il existe une grande confiance, une belle amitié et une volonté partagée de faire les choses ensemble», a-t-il insisté. L'hôte d'Alger a affirmé que sa visite intervient dans le prolongement des travaux du comité inter-ministériel algéro-français, présidé par les deux Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et son homologue français Manuel Valls, qui se sont rencontrés à Paris le 4 décembre dernier. «Ma visite a permis à nos deux pays d'approfondir nos échanges qui ont lieu à Paris lors de la visite du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal», a-t-il expliqué. Les discussions ont touché à l'importante question de la lutte contre le terrorisme et la criminalité internationale, qui préoccupe les deux pays, avec la multiplication des réseaux de recrutement des candidats au djihad, ainsi que le trafic de drogue. Le ministre de l'Intérieur français a souligné, à ce propos, le «haut niveau» de compétence des forces de sécurité algériennes, que ce soit dans les rangs de la police ou du corps de la Gendarmerie nationale. «Il y a un très haut niveau de compétence et d'expertise au sein de la police algérienne», a affirmé M. Cazeneuve. «Avec l'Algérie, nous sommes plutôt dans l'échange d'expérience que dans la coopération», a-t-il déclaré, que la France traite «d'égal à égal» avec notre pays concernant les rapports entretenus dans le domaine de la sécurité intérieure, l'échange d'informations et de renseignements dans la lutte contre la criminalité et le trafic de drogue. En abordant le sujet de la lutte contre le terrorisme et les réseaux djihadistes, M. Cazeneuve n'a pas manqué d'exprimer la reconnaissance de la France envers les autorités algériennes pour leur «mobilisation et engagement» dans la douloureuse affaire de l'exécution, le 23 septembre dernier, du touriste français Hervé Gourdel par le groupe terroriste Jund al-Khilafa. Ce mouvement dissident d'Al-Qaïda au Maghreb islamique a affirmé avoir commis son crime en signe d'allégeance à l'Etat islamique (Daesh) et pour venger les «combattants» islamistes tués par l'armée française en Irak et en Syrie. Interrogé sur les attaques racistes et islamophobes contre les musulmans et les maghrébins en France, M. Cazeneuve a repris les propos du ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, qui s'est prononcé en faveur de la culture de l'«esprit de Cordoue» et des valeurs de chaque communauté religieuse. «J'ai instruit tous les préfets de France pour que tout acte, constituant une infraction pénale, que ce soit un acte de racisme, d'islamophobie ou d'antisémitisme, soit poursuivi en application de l'article 40 du code de procédure pénale», a-t-il expliqué. La déclaration du polémiste français Eric Zemmour, qui a proposé la déportation des cinq millions de musulmans que compte la France, dans un entretien à un journal italien, est derrière cette instruction du ministre de l'Intérieur français. «Nous sommes déterminés à lutter contre toutes les formes d'exclusion et d'antisémitisme», car «nous refusons de négocier les valeurs de la République lorsqu'on les remet en cause», a-t-il conclu. L. M.