Ali Benflis a déposé, dimanche dernier, le dossier d'agrément de son parti politique auprès du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Le dossier contient les signatures de 288 membres fondateurs représentant l'ensemble des 48 wilayas du pays, et qui sont issus de toutes les catégories socioprofessionnelles, selon un communiqué diffusé par le futur parti qui a pris pour nom «Talaïat el houriat» (avant-gardes des libertés). Les services du ministère ont procédé à «la vérification contradictoire» et «établi que le dossier déposé est en tout point conforme» à la loi sur les partis politiques et les associations en vigueur, ajoute-t-on. Concernant le nombre des membres fondateurs et la diversification de leurs profils M. Benflis l'expliquera par son intention de donner à sa formation politique un caractère «rassembleur et inclusif, qui préside à sa création. Ce parti comprend des représentants de toutes les catégories sociales de même de toute la diversité des activités socioprofessionnelles». Quant à l'attitude de l'administration, M. Benflis a dit vouloir croire à son impartialité, qui ne tardera d'ailleurs pas à se vérifier. En effet, les services du ministère de l'Intérieur ont affirmé, en application de la législation, qu'ils transmettraient aux représentants des membres fondateurs le récépissé de dépôt du dossier d'agrément dans le cours de la journée de dimanche. Et ils l'ont fait. Désormais, conformément à la loi organique sur les partis politiques et les associations, Ali Benflis et ses partisans devront attendre au maximum deux mois pour se voir délivrer l'agrément du parti. Ce délai expiré, s'il n'y a aucun refus d'agrément dûment et officiellement formulé par le ministère de l'Intérieur, le parti est considéré, selon la loi, agréé. Les membres fondateurs pourront dès lors entamer la préparation des congrès régionaux. Les procédures sont ainsi suivies au pied de la lettre et respectées par les deux parties, qui ont, toutes les deux, tout à gagner. Pour M. Benflis, se doter d'une formation politique structurée et d'un cadre organisationnel, lui permettra, d'abord, d'exposer, défendre et expliciter ses visions et son programme politique, économique, social et culturel tel qu'il l'a brillamment fait lors de la dernière campagne de la présidentielle. Ensuite, en tant que leader de parti -car il ne fait aucun doute qu'il présidera aux destinées de sa future formation-, il sera un acteur actant à même de se poser comme un interlocuteur sur la scène politique. L'administration, pour sa part, aura, à ce stade, montré que l'agrément d'un parti obéit à la loi et non à des considérations politiques subjectives et personnelles. Des dizaines de partis ont été agréés avant Talaïat el houriat et d'autres attendent, toujours, de l'être. C'est sans doute là le plus grand défi qui se pose à M. Benflis, comme aux autres chefs de partis : comment devenir une force de propositions -pas forcément d'opposition- pouvant influer sur les choix, les politiques et les stratégies, voire infléchir certaines décisions. H. G.