Béji Caïd Essebsi, le nouveau président tunisien, élu à 55,68% de voix, devra prendre ses fonctions demain. La cérémonie de prestation de serment aura lieu 24 heures seulement après celle prévue pour la passation des pouvoirs décidée pour aujourd'hui par le président sortant Mohamed Moncef Marzouki. Avant d'accéder au palais de Carthage, Béji Caïd Essebsi devrait démissionner du parti Nidaa Tounès, dont il est le fondateur et le président depuis mai 2012, pour devenir, selon ses dires, le Président de tous les Tunisiens. Le nouveau Président a déjà commencé ses tractations pour la formation du gouvernement. Rappelons que Nidaa Tounès doit former le prochain gouvernement et s'atteler rapidement à constituer une coalition stable, faute de majorité absolue au Parlement. Elle devra composer avec les islamistes d'Ennahda, qui restent la deuxième force politique du pays et n'avaient pas présenté de candidat à la présidentielle. Caïd Essebsi est prêt à constituer cette coalition. Il l'a d'ailleurs affirmé avant l'annonce des résultats officiels de l'élection présidentielle. Dans une déclaration à la télévision nationale, le président de Nidaa Tounès a dit : «L'avenir proche et lointain nous oblige à travailler ensemble pour la Tunisie.» Ce message a été lancé, à ne pas en douter, à l'adresse de son rival, Moncef Marzouki et des islamistes d'Ennahda. Béji Caïd Essebsi a décidé d'élargir les tractations, outre les partis politiques représentés au nouveau Parlement, à la Centrale syndicale. Il devra, selon certains sites électroniques, rencontrer prochainement Houcine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt. Il sera question lors de cette rencontre d'accorder les violons sur une personnalité pouvant faire l'objet d'un consensus entre tous les partis et à qui seront confiés les rênes du nouveau gouvernement. Il faut dire que les négociations pour une alliance gouvernementale constituent une question tellement délicate que les états-majors des partis politiques concernés ne soufflent pas un mot. Nidaa Tounès est conscient de la position hostile de ses électeurs à l'égard de la participation «éventuelle» d'éléments de tendance islamiste mais le parti sait également que ses adversaires d'Ennahda représentent la deuxième force politique du pays. Raison pour laquelle, la composition du prochain gouvernement est un exercice périlleux. Une fois la coalition gouvernementale constituée, une autre étape attend les nouveaux dirigeants tunisiens. Celle de l'édification d'un Etat de droit capable de relever les défis. Et ils sont nombreux, à commencer par la situation socioéconomique. Mais l'année 2015 s'annonce prometteuse pour la Tunisie en termes de soutien. Faut-il rappeler qu'à côté de l'Union européenne, la Banque mondiale entend apporter son soutien à la Tunisie et ce, dès le premier trimestre de 2015. Le pays sait pouvoir compter sur un prêt de 500 millions de dollars que la Banque mondiale va lui accorder. Selon le ministre tunisien de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, «cela se fera en deux temps : d'abord, par un premier crédit de 250 millions de dollars qui sera décaissé en janvier 2015, ensuite par un deuxième crédit d'un montant identique qui sera versé en mars». Et de préciser que «la décision prise par le Fonds monétaire international le 12 décembre relative au décaissement de la 5e tranche du crédit de garantie conclu avec la Tunisie est de nature à encourager les institutions financières à soutenir davantage la Tunisie durant la prochaine étape». Les nouveaux dirigeants de la Tunisie devront également lutter contre le terrorisme, rétablir l'autorité de l'Etat, inverser la courbe du chômage, améliorer le pouvoir d'achat... Il faudra donc beaucoup de travail et de patience avant d'atteindre les objectifs visés par la révolution du Jasmin. Mais la Tunisie est déjà sur la bonne voie. H. Y.