Les hommages officiels n'ont pas été en reste. Le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, s'est exprimé à travers un twitte pour dire : «René Vautier nous a quittés, et avec lui un grand cinéaste, une âme de l'anticolonialisme, un résistant, et un breton passionné. Hommage.» De son côté, la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, a déclaré que, «cinéaste sans concessions, à contre-courant et souvent censuré», Vautier «aura été un témoin au cœur des tourments de son époque». «Toujours à l'avant-garde des luttes sociales, il a marqué toute son œuvre du combat contre le racisme et l'injustice, notamment au travers de son travail, au regard acéré, sur la décolonisation et la guerre d'Algérie», a ajouté la ministre dans un communiqué de presse. «Les yeux grands ouverts sur le monde et l'engagement de René Vautier, grand cinéaste, vont nous manquer. Ses films continueront de nous nourrir», a déclaré pour sa part Cécile Duflot, député écologiste, ministre dans le premier gouvernement de Hollande, à l'annonce de la disparition de l'auteur de L'Algérie en flammes et Avoir 20 ans dans les Aurès. Au chapitre des réactions politiques, on relève aussi celle de Pierre Laurent, premier secrétaire du Parti communiste français, qui rend hommage à celui qui «avait épousé les causes de son époque». «Il laisse, souligne-t-il, une empreinte indéfectible parce qu'il a su marquer les esprits. Il a su montrer la vérité telle qu'elle est. C'est grâce aux témoignages qu'il avait récoltés, qu'avait été prouvé que Jean-Marie Le Pen avait pratiqué la torture en Algérie (produit lors du procès du Canard enchaîné en 1985).» Réaction syndicale aussi avec la Confédération générale du travail (CGT) qui relève la «fidélité aux combats pour la justice et le respect humain» de René Vautier dont la caméra s'appliqua «à dénoncer le colonialisme à une époque où on ne transigeait pas sur la défense de l'empire français». Paradoxalement les réactions à la disparition de l'auteur du premier film français anticolonialiste, Afrique 50, sont rares, pour l'instant, dans le monde du cinéma. Relevons l'hommage de Gilles Jacob, ancien président du Festival de Cannes : «René Vautier était un cinéaste engagé s'il en fut, à une période où la censure veillait. C'était un juste.» Ou celui de Jean-Michel Ribes, acteur, metteur en scène, réalisateur, scénariste, actuellement directeur du théâtre du Rond-point des Champs Elysées. Alors jeune comédien qui participait à l'aventure de Avoir 20 ans dans les Aurès, Ribes témoigne, dans un article dans le Figaro, que Vautier «était un homme d'une grande conviction avec une énergie magique. Très sincère, combatif, avec une envie de témoigner des faits de l'armée française en Algérie». M. M.