La culture, c'est comme le pain, on ne s'en passe pas. Chaque jour, pour ne pas dire à chaque instant, l'homme a besoin de s'informer, de se distraire, de faire de belles découvertes et de combler agréablement ses moments libres. Cependant, il y a la bonne cuisine et le fast-food. Dans le contexte qui est le notre, la tâche n'est pas aisée. Faute d'animation culturelle régulière, chacun tente, dans la mesure de ses moyens propres, de suivre la marche passionnante du monde. Disons que chacun trouve son plaisir là où il a l'habitude de le prendre. Faute d'une offre culturelle consistante, les gens se rabattent généralement sur la télévision et Internet. Mais malgré le lancement de plusieurs chaînes de télévisions privées, la qualité des programmes demeurent, de l'avis des passionnés, bien en deçà des attentes. Il est vrai que le pluralisme audiovisuel avait peut-être suscité des espoirs surdimensionnés. Tout comme le multipartisme, l'ouverture du secteur n'a pas sécrété, du moins pour le moment, de bons crus. Les grilles offertes et les concepts adoptés, à quelques exceptions près, se ressemblent. Des émissions bâclées, des débats où il y a beaucoup de déchets, des couvertures où le sensationnel le dispute à la naïveté, une esthétique kitsch et des thématiques qui s'éloignent presque volontairement de la culture algérienne authentique. On est tenté de dire que la déception produite a nettement profité à l'unique chaîne publique de télévision, longtemps décriée. Même si aucune étude n'a été faite sur la question, l'Entv se porte beaucoup mieux depuis la fameuse ouverture du champ audiovisuel. Faute de trouver du bon divertissement sur les antennes nationales, le téléspectateur algérien, comme contraint, zappe beaucoup. Il se tourne instinctivement vers les chaînes moyen-orientales et françaises qui émettent en clair. À ce niveau, des moyens sophistiqués et des équipes hautement qualifiées sont mis en œuvre pour séduire et gagner la sympathie des Maghrébins en général et des Algériens en particulier. Du grand bazar culturel, des compétitions sportives de premier plan et du cinéma d'action - américain et européen de première fraicheur- sont offerts et servent de support pour distiller des informations tendancieuses et des opinions propagandistes. La concurrence est rude et chacun fait feu de tout bois. Il faut le dire, le gros marché maghrébin en vaut la chandelle. Internet constitue aussi une alternative pour se renseigner, écouter de la musique, actualiser ses idées, échanger et faire de nouvelles de connaissances. Les sites électroniques d'information, les médias sociaux et les forums de discussion constituent une grande communauté virtuelle d'échange. Là aussi, la manipulation et la récupération servent de monnaie d'échange. Pour les âmes exigeantes -rares, il faut le souligner-, il ne reste que la lecture. Malgré sa cherté, le livre constitue un refuge pour les amateurs des belles lettres et les fins lettrés. Les Algériens bouquinent, quand même. Ils liraient davantage si l'on vient à leur proposer de la qualité à des prix accessibles. Sinon, des événements culturels épisodiques - souvent peu médiatisés- servent de moments de recréation pour sortir momentanément du virtuel et renouer, tout aussi provisoirement, avec le réel et ses ambiances pas toujours sympathiques. Pour conclure, on doit reconnaître qu'on est très loin du compte. Faute de compétence, de savoir-faire et d'abnégation à l'œuvre, d'autres canaux se substituent aux nôtres et influencent dangereusement notre quotidien. C'est un signe de faiblesse. Et, c'est de mauvais augure. K. A.