De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les technologies modernes sont pour beaucoup dans l'émancipation de la société algérienne. Les stéréotypes n'auront pas survécu avec l'avènement des différents canaux et réseaux pour élargir le champ culturel et médiatique…échappant aux diktats de la censure. On line, tout passe. Les messages, les questions, les réponses, les vidéos, les jeux, les films, les musiques, pour le plus plaisir des jeunes, premiers «consommateurs» des informations qui pullulent sur le Web. Cette liberté est cependant perçue différemment dans la société qui est souvent très critique sur la matière diffusée sur la Toile et via les chaînes de télévision satellitaires. «Vous ne pouvez pas imaginer combien la révolution Internet facilite notre quotidien en matière d'enseignement», se félicite un universitaire. Lui emboîtant le pas un étudiant dira que le Web lui permet de faire «une balade dans les quatre coins du monde pour tenter une évasion, même si elle est virtuelle». Il est vrai que le Web constitue la clé magique de l'évasion et l'apprentissage et de la découverte, mais il est aussi utilisé pour l'arnaque, le matraquage idéologique et autres discours déviationnistes, racistes, fanatiques, haineux... Internet est, certes, un acquis qui contribue de fort belle manière à socialiser et diffuser les cultures, mais c'est aussi un canal de propagation de la cybercriminalité dans ses différentes formes. «Chacun est libre sur ce qu'il sollicite sur le Web. Aucun contrôle ou filtrage ne nous est imposé. Maintenant, il faut avouer que les sites n'offrent pas toujours de bonnes choses pour se cultiver. Mais cela dépend de l'internaute…» explique le gérant d'un cybercafé à Constantine.En parallèle des chaînes satellitaires se bousculent dans le ciel bleu de l'Algérie. L'explosion du numérique et la facilité d'y accéder a permis aux citoyens de tirer le maximum de ce qui se réalise sur les autres plateaux de télévision aussi variés que pamphlétaires sur l'actualité mondiale. Il n'est pas rare de voir des vagues culturelles influer sur le comportement des jeunes et leurs centres d'intérêts. Mais certains gardent les pieds bien sur terre et savent filtrer selon leurs convictions et leurs acquis identitaires. «En prenant ma télécommande, je zappe tout ce qui pourrait remettre en cause un fragment de mon identité. Je suis adepte des chaînes françaises, mais je fais le tri pour ne pas plonger dans l'envoûtement qui ne consolide pas mes repères ancestraux. Certes, il y a beaucoup de bonnes choses culturelles à recueillir sur les ondes venant d'outre-mer, mais il faut faire preuve de vigilance pour ne pas céder facilement aux préceptes pouvant dénaturer notre identité», dira un étudiant.D'autres jeunes diront qu'ils ne s'intéressent qu'au football. Et dans ce contexte, ils sont bien servis. Démodulateurs et paraboles leur permettent de suivre les matches et les débats autour de ce sport. «Ma seule culture c'est le sport roi», résumera un adepte de la balle ronde, affirmant qu'il ne se contente pas uniquement de voire des matches sur des chaînes mais se connecte souvent à Internet pour suivre «à la minute» les mutations footballistiques. Et depuis la qualification des Verts au Mondial, les sites visités se réfèrent à l'événement. Si, pour les fans du foot, le choix est clair et sans équivoque, il en est tout autrement des films diffusés sur quelques chaînes dont l'influence se traduit, chez les filles principalement, aussi bien dans la manière de parler que celle de s'habiller. Avec l'ouverture culturelle grâce aux différentes manifestations qui sont organisées à travers le pays, et surtout avec le nombre de festivals internationaux, il convient de signaler que le domaine musical s'est enrichi de sonorités et rythmes venus d'ailleurs, mais les musiques du terroir n'ont pas perdu au change. Beaucoup de jeunes puisent encore dans le répertoire algérien en y introduisant d'autres motifs modernes. Cela a été remarqué dans pas mal de productions et manifestations. L'ouverture culturelle sur le monde par le truchement de la technologie a permis de créer un contraste où la teinte dominatrice est algérienne. C'est l'hommage que l'on peut rendre aux artistes, écrivains,… qui restent attachés à leur algérianité.