L'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme et la politique adoptée par l'Algérie pour non seulement éradiquer ce fléau, mais aussi s'en prémunir, sont, désormais considérés comme un cas d'école dont d'autres pays peuvent s'inspirer. De nombreux Etats, organisations de lutte contre le terrorisme et institutions, estiment que la vision globale que l'Algérie a développée pour la lutte contre le terrorisme, qu'elle ne confine pas à l'aspect militaire, peut servir de référence. Le directeur exécutif du Comité des Nations unies contre le terrorisme, Jean Paul Laborde, le confirmera en affirmant que l'ONU comme les Etats peuvent «bâtir de bonnes pratiques sur l'expérience algérienne de lutte contre le terrorisme». M. Laborde qui sortait d'une rencontre avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qu'il qualifiera de «très importante», ajoutera que le comité qu'il préside s'occupe, pour le compte de l'ONU et du Conseil de sécurité, «de l'évolution des capacités anti-terroristes des Etats. Dans cette mesure, nous avons parlé avec Messahel de l'aspect multidimensionnel du combat contre le terrorisme qui ne se limite pas aux actions répressives [...], on doit effectivement prendre en compte tous les acteurs de la société, y compris les medias qui ont un rôle à jouer dans cette lutte». Ainsi, l'ONU et le Conseil de sécurité, par la voix de M. Laborde, s'accordent avec l'Algérie quant à la nécessité d'adjoindre à l'aspect militaire de la lutte antiterroriste d'autres actions politique, économique, sociale, culturelle, pour extirper tous les germes qui permettent au terrorisme de se développer au sein d'une société. L'Algérie a exposé, expliqué, détaillé et défendu sa politique de lutte contre le terrorisme à chaque fois que l'occasion lui a été donné. Lors du Sommet international sur la lutte contre les extrémismes violents qui s'est tenu du 18 au 20 février dernier à Washington, la stratégie algérienne, qui a été présentée par M. Messahel, a été saluée par les représentants de la soixantaine de pays participant à la conférence. Parallèlement à l'action interne, l'Algérie a également mené des initiatives internationales pour le tarissement des sources de financement du terrorisme, comme la criminalisation du payement des rançons. Dans cette perspective, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a indiqué, hier, lors de la conférence conjointe avec M. Laborde, que l'Algérie proposera lors de la Conférence africaine sur le financement du terrorisme, qui se tiendra à Alger l'automne prochain, un protocole additionnel à la Convention des Nations unies sur la lutte contre le terrorisme, qui n'intègre pas l'aspect du financement des groupes et organisations terroristes, notamment le payement des rançons. «Cette conférence africaine sera ouverte à des partenaires, notamment les Nations unies, dont le Comité de lutte contre le terrorisme, et d'autres partenaires internationaux. Elle a pour objectif de définir une position africaine commune pour négocier un protocole additionnel à la Convention internationale contre le terrorisme dédié au financement du terrorisme», indiquera M. Messahel. Concernant sa rencontre avec le directeur exécutif du Comité de l'ONU contre le terrorisme, le ministre délégué dira qu'il a convenu avec M. Laborde d'«un plan de travail». D'autres visites du Comité de l'ONU sont ainsi programmées qui permettront à l'Algérie de présenter, de manière beaucoup plus concrète, son expérience dans la lutte antiterroriste. L'Algérie «peut partager ses bonnes pratiques, comme la réconciliation, avec les Nations unies, mais également avec d'autres partenaires», affirmera M. Messahel. «Nous avons parlé des liens entre le développement et la sécurité, comment lutter contre le terrorisme, d'abord par une stratégie de développement pour occuper la jeunesse ou ceux qui seront tentés par la violence», ajoutera le ministre délégué. M. Laborde, qui a été invité par le gouvernement en tant que responsable au sein du Conseil de sécurité, indiquera que sa présence en Algérie a aussi pour objectif de «manifester le soutien, au niveau régional, du Conseil de sécurité et de son comité contre le terrorisme, à la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel». Interrogé sur la situation en Libye, M. Laborde dira qu'il avait abordé la question avec M. Messahel, et, réponse, réitérera la position de l'organe onusien en déclarant que «c'est un problème que les Libyens doivent résoudre en prenant leur question de souveraineté à bras le corps, comme l'avait dit le Conseil de sécurité il y a quelques jours». H. G./APS