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Etiquetage et affichage des prix restent lacunaires
Bien qu'ils soient imposés par la loi
Publié dans La Tribune le 18 - 03 - 2015

L'étiquetage des produits de consommation vise à garantir en premier lieu une information complète quant à leur contenu et composition mise à la disposition des consommateurs afin de protéger leur santé et leurs intérêts. L'étiquetage permet donc aux consommateurs de faire un choix éclairé et de décider ainsi s'ils doivent acheter un produit ou non. À ce sujet, le président de la Fédération algérienne des consommateurs, Zaki Hariz, nous a affirmé que les droits du consommateur existent en Algérie, citant entre autres les droits à la sécurité, à l'information, au choix et à la représentativité, ainsi que le droit au recours. Selon M. Hariz, l'Etat est obligé de garantir ces droits, ajoutant dans le même sillage que les consommateurs dans notre pays n'ont pas encore une culture de consommation. «64% des consommateurs algériens connaissent leurs droits, et la catégorie la plus consciente des droits en matière de consommation concerne les jeunes entre 19 et 25 ans», souligne M. Hariz. Le même interlocuteur nous a indiqué que l'étiquetage est le premier devoir de l'opérateur, qui se doit d'informer le consommateur, lui expliquer le produit, l'orienter et le protéger. «La loi est claire, et la protection du consommateur est son cheval de bataille», dira-t-il.
D'une manière générale, la réglementation algérienne précise les conditions d'étiquetage des produits, locaux ou importés. Ainsi, l'étiquette doit être écrite en arabe, l'utilisation d'une autre langue est permise, et il faut préciser les caractéristiques du produit, sa dénomination de vente, la quantité nette contenue dans l'emballage, l'identification de l'intervenant dans le processus de mise à la consommation, les dates de fabrication et de péremption, les conseils d'utilisation, indique M. Hariz. «Tout intervenant doit porter à la connaissance du consommateur toutes les informations relatives aux produits qu'il met à la consommation, par voie d'étiquetage, de marquage ou par tout autre moyen», affirme le président de la Fédération algérienne des consommateurs. Mais, en dépit des strictes mesures édictées par le ministère du Commerce et visant à renforcer les contrôles ainsi qu'à garantir la conformité de diverses denrées alimentaires proposées à la consommation en vue de protéger le consommateur, il existe toujours des insuffisances en matière d'étiquetage des produits de consommation emballés et autres. Sur les étals, ce n'est pas le règne de la loi ! Que les produits soient importés ou fabriqués localement, leur étiquetage, pour certains, présente des anomalies. Une tournée dans quelques commerces et épiceries suffit pour en faire le constat. Appareils électroménagers, alimentation générale et vêtements, toutes sortes de
produits sont concernés.
«La semaine dernière, nous dit Nora, j'ai voulu acheter du camembert et comme je suis enceinte, j'en ai cherché un avec du lait pasteurisé et non cru car ce sont les instructions de mon médecin. Sur les boîtes de camemberts locaux exposées, je n'ai pas réussi à identifier les ingrédients. Il n'était pas mentionné sur l'emballage si le fromage avait été préparé avec du lait pasteurisé ou pas ! J'ai dû abandonner mes recherches!». Plus loin, nous rencontrons Saïda, la cinquantaine passée, qui fait ses courses. Dès l'abord, elle se passionne pour le sujet. Et elle ne tarira pas de critiques et plaintes sur ces marchandises contrefaites qui circulent en toute liberté sur le marché et sont proposées à la vente au su et au vu de tous. «Il n'y a pas que l'étiquette qui pose problème», dit-elle. Saïda raconte sa mésaventure, l'été dernier, quand elle a acheté une machine à laver : «Le manuel d'utilisation était écrit en anglais et je ne sais dans quelle autre langue ! Mes filles, étudiantes, n'ont pas pu le lire ! Nous n'avons pas su faire fonctionner la machine et nous avons été obligées de faire appel à une cousine qui avait la même machine et fait face au même problème.» L'histoire la fait sourire aujourd'hui, mais on peut imaginer son désarroi quand elle déballe un appareil payé rubis sur l'ongle en milliers de dinars et qu'elle découvre qu'elle ne peut l'utiliser parce que ceux qui l'ont importée, soucieux uniquement de leurs profits, n'ont pas pris en considération les langues d'expression des consommateurs algériens.
Il est vrai que dans nos boutiques, fers à repasser, sèche-cheveux, robots de
cuisine et autres appareils sont généralement vendus accompagnés de brochures d'utilisation écrites en français et/ou en anglais. Mais certains équipements sont mis sur le marché avec des brochures et des étiquettes en chinois et même en langues slaves ! «Heureusement que nous captons les chaînes étrangères qui exhibent régulièrement les nouveaux produits et nouvelles technologies. Aujourd'hui, ça va, je peux faire la distinction, réfléchir avant d'acheter un produit», explique Karima, une jeune fonctionnaire. Il y a même des gens qui préfèrent aller sur des sites Internet pour s'informer sur la nature de certains produits avant d'en faire l'acquisition. «Pour les téléphones portables et même les micro-ordinateurs, je me renseigne, c'est important, d'autant plus qu'ils ne sont pas fabriqués chez nous !», souligne Omar. Kenza, une secrétaire d'administration, relate une anecdote : «Il y a un an, ma fille a acheté un fer à repasser à 1 500 DA. Le manuel d'utilisation était écrit en espagnol uniquement. Quand avons-nous essayé de l'utiliser, il a juste chauffé avant de rendre l'âme. Comme ça, sans rien, impossible de le faire fonctionner. Ma fille a ramené le fer à repasser au magasin où elle l'avait acheté, mais le vendeur a refusé de reprendre sa marchandise.» Lamia, étudiante, a vécu
quasiment la même mésaventure. Elle avait acheté un baladeur de musique (mp4) et a été arnaquée. «Une fois arrivée chez moi, le baladeur qui devait être programmé avec le micro-ordinateur ne s'allumait pas ! J'ignorais pourquoi.» Le lendemain, la jeune fille revient chez le commerçant. Ce dernier refuse de discuter et de reprendre ce baladeur, payé à 2 000 DA. «En principe, ce genre de baladeur est accompagné d'un manuel d'utilisation et d'un petit CD. Maintenant, je le sais. Je fais attention car j'ai été arnaquée de la sorte deux fois.»
À ce propos, le président de la Fédération algérienne des consommateurs dira que la majorité des consommateurs ne procède pas au recours ou à la réclamation quand ils ne sont pas satisfaits d'un produit ou d'un service. «Le droit au recours n'est pas connu par le consommateur algérien», affirme M. Hariz qui ajoute que les consommateurs doivent apprendre à réclamer leurs droits. Toutefois, il se félicite des avancées réalisées en Algérie en matière d'information des clients. «L'étiquetage est respecté, le client peut avoir toutes les informations sur le produit, tels les informations nutritionnelles et d'autres aspects liés aux produits», indique M. Hariz. De son côté, le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), El Hadj Tahar Boulenouar, soulignera que l'étiquetage sera bien respecté quand les agents de contrôle intensifieront les opérations de contrôle et d'inspection au niveau des ports et des usines. L'éradication du commerce informel est aussi l'une des solutions majeures pour assurer le respect de l'étiquetage d'une manière correcte afin d'assurer ainsi la protection du consommateur, ajoutera-t-il.
Hormis l'étiquetage, les consommateurs font également face à un autre problème : l'absence d'affichage des prix, notamment des diverses denrées alimentaire, fruits et légumes. Les agents de contrôle effectuent régulièrement des inspections dans les commerces pour vérifier le respect des règles et lois régissant l'activité commerciale. Factures, provenance des produits, hygiène du local et affichage des prix sont vérifiés. Mais ces contrôles ne sont pas fréquents ni généralisés, ce qui permet aux commerçants indélicats de contourner la loi. Lors de notre visite au marché de Bab El Oued, nous avons constaté que certains commerçants n'affichent pas les prix de leurs marchandises, ce qui leur permet de les faire fluctuer à leur guise. «Demander à chaque fois le prix au vendeur, c'est vraiment désagréable. Normalement tous les commerçants doivent respecter l'affichage des prix comme le stipule la loi», s'insurge Merouane.
Cependant, le porte parole de l'Ugcaa nous affirme que 70% des commerçants respectent la réglementation d'affichage des prix, particulièrement dans les boucheries et l'alimentation générale, et ce, grâce à la vigilance des agents de contrôle qui effectuent régulièrement des contrôles. Au final, le ministère du Commerce veille à assurer une protection totale du consommateur en intensifiant les contrôles de tous les produits exposés à la consommation, mais il reste encore des lacunes à combler, lacunes qui sont utilisées par les spéculateurs, commerçants indélicats et autres arnaqueurs dont la mainmise sur le marché éclipse toutes les actions des autorités.
F. O.


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