Il y a quelques jours, un père de famille se rend dans une supérette pour acheter une boîte de conserve et quelques boissons. Le lendemain, deux membres de cette famille sont admis à l'hôpital et placés en soins intensifs. Ils sont décédés trois jours après. L'autopsie a révélé qu'ils ont été atteints par la «leptospirose». Un virus qui se colle sur les boîtes de conserve. Les résultats approfondis des tests ont démontré que l'étain avait été infecté par de l'urine des souris qui avait séché et contenait la leptospira interrogans. Cette information a été révélée par un médecin qui recommande aux citoyens de rincer toutes les canettes et boîtes de conserve de façon systématique et obligatoire avant d'en consommer le contenu. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces produits sont généralement stockés dans des entrepôts et livrés aux magasins de détail sans mesures de propreté. Le médecin ayant tiré la sonnette d'alarme explique «qu'il est démontré que le couvercle des canettes et autres conserves est plus contaminé que des toilettes publiques ! Elles renferment beaucoup de germes et des bactéries». L'hygiène, dans ce cas de figure, fait défaut et en l'absence de contrôle, le commerçant ne se soucie guère des bonnes pratiques. «Je n'ai pas le temps de passer au lavage tous les produits que j'achète. Ou plutôt nous n'avons pas cette culture chez nous», avoue un commerçant qui a superposé des dizaines de fardeau d'eau à l'entrée de son magasin. Exposée ainsi au soleil, cette eau présente des risques pour les consommateurs. Ce commerçant trouve anormal qu'on l'interpelle sur ce phénomène : «Je dépose toujours les fardeaux d'eau à l'entrée du magasin sans être inquiété puisque les services de contrôle ne m'ont jamais fait de remarque à ce sujet.» L'autre problème qui se pose est l'étiquetage des produits de large consommation. Certains commerçants «peu scrupuleux» n'hésitent pas à opérer des changements sur les emballages afin de modifier les étiquettes. Des étiquettes qui ne répondent pas aux normes. Il est clair que ce n'est pas la loi qui fait défaut, mais plutôt son application. Il y a quelques années, l'Algérie a révisé ses lois et mis en place de nouvelles procédures d'étiquetage afin de répondre aux exigences et normes internationales. Le décret exécutif n°05-484 du 22 décembre 2005 est venu modifier et compléter le décret exécutif n°90-367 du 10 novembre 1990. Ainsi, l'étiquette doit être écrite en arabe (l'utilisation d'une autre langue est permise) et il faut préciser les caractéristiques du produit (sa dénomination de vente, la quantité nette contenue dans l'emballage, l'identification de l'intervenant dans le processus de mise à la consommation, les dates de fabrication et de péremption, les conseils d'utilisation…). Imposée par l'économie de marché, cette démarche a encore du chemin à faire, car elle se fait difficilement respecter. Faut-il toutefois noter qu'à la veille de chaque mois de Ramadhan, les services du ministère du Commerce rassurent les citoyens en précisant que la majorité des produits écoulés sur le marché national, notamment ceux de large consommation, sont soumis au contrôle de ses services et que ceux qui échappent à leur contrôle sont les marchandises écoulées sur le marché informel. Le paradoxe est que le ministère du Commerce n'a jamais caché son incapacité à effectuer un contrôle pointu de ces produits, et ce, en raison du manque d'effectifs.