Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, a usé de mots pour le moins acérés et percutants pour dénoncer ceux qui travaillent, dans l'ombre ou ouvertement, à l'intérieur ou l'extérieur, à la division du peuple, la destruction du pays et la déstabilisation de l'Etat. Saisissant l'occasion de la célébration de la journée de la Victoire, le Président a fustigé dans un long message lu en son nom, jeudi dernier à Ghardaïa, par son conseiller, Mohamed Benamar Zerhouni, ces adeptes de la politique de la terre brûlée. M. Bouteflika ne manquera pas d'interpeller citoyennes et citoyens, qui ont le devoir et la responsabilité de barrer la route à tous les ennemis de leur pays. Usant d'un ton affectionné mais franc, le Président dira qu'il a «des préoccupations, voire des inquiétudes, dont il est utile, autant pour moi que pour vous, que je vous parle, en cette occasion où nous célébrons une date mémorable s'il en est, celle du premier signe de la naissance de l'Etat algérien moderne tant rêvé par nos martyrs, l'Etat au service du peuple algérien qui, en retour, a le devoir de le préserver et de le défendre. Ce n'est pas en restant neutre ou simple spectateur que ses citoyennes et citoyens vont assurer la pérennité de cet Etat alors que d'aucuns sont, hélas, nombreux, à se laisser aller, pour des motifs futiles, à commettre des actes de vilenie morale et d'incivilité totalement incompatibles avec les fondements et les constituants d'une citoyenneté authentique et responsable». «Etant un fils de ce peuple et pour avoir consacré ma vie à son service et partagé ses joies et ses peines, je me dois, en vertu du poste où il m'a volontairement placé, de vous parler en toute franchise», avise le Président. Et sa franchise se doublera d'un mordant quand il dira combien il redoute «la nocivité de ceux, d'entre-nous, qui se sont laissés glisser sur la dangereuse pente de la politique de la terre brûlée dans le dessein d'arriver au pouvoir, même en mettant notre Etat en ruine et en marchant sur les cadavres des enfants de notre peuple. Je constate que des pseudos hommes politiques, s'évertuent, matin et soir, à effrayer et démoraliser ce peuple, à saper sa confiance dans le présent et l'avenir, ce peuple qui n'a pas accordé, et n'accordera pas, de crédit à leurs sornettes...» Mais le chef de l'Etat ne se limite pas au constat et aux amers regrets. Il développe la stratégie à suivre pour contrer les manœuvres déstabilisatrices. «Cet état de fait nous met dans l'extrême obligation d'user d'un surcroît de fermeté et de rigueur, pour défendre l'Etat. C'est un devoir constitutionnel, légal, légitime et moral qui ne peut souffrir ni report ni dérobade», écrit-il. Tous les enfants du peuple «doivent se mobiliser et s'unir, pour renforcer le front intérieur, afin de parer aux risques qui guettent, à l'heure actuelle, notre région qui grouille de troubles et de menaces. La construction de ce front intérieur nous concerne tous, le moyen d'y parvenir est le dialogue et la cohésion des rangs». Bouteflika ne se contentera pas de montrer la voie à suivre. Il prend les devants en affirmant sa disponibilité à dialoguer aussi bien avec ceux qui s'opposent à sa démarche qu'avec ceux ayant un plus à apporter, à la seule condition que la contradiction ou l'enrichissement soit porté dans le respect des règles du dialogue responsable et mature ainsi que des lois de la République. «Etant partisan du dialogue et acquis à ses vertus, l'acceptant tant avec ceux qui divergent avec nous sur la conception politique de la conduite des affaires du pays, qu'avec ceux qui préconisent des idées plus judicieuses que les nôtres, nous ne voyons aucun mal à aller à ce dialogue, à la condition que l'on y vienne sans aucune intention préconçue de remettre en cause ce qui a été consacré conformément à la Constitution et par la volonté populaire clairement exprimée. L'Algérie est là, et sera toujours là, par la volonté d'Allah, fière et digne grâce à ses valeureux enfants», conclut le Président. H. G.