De source médicale, il a été affirmé qu'entre 5 et 10% des diabétiques souffrent de lésions aux pieds dont 6 à 8% subissent une amputation, en Algérie. Parmi eux 50% subiront une amputation controlatérale dans les 5 années suivantes. Les atteintes au pied constituent entre 10 et 20 motifs d'hospitalisation au service de diabétologie. Ces patients, âgés de 45 à 65 ans, la tranche la plus touchée, subiront un lourd retentissement personnel, psychologique et fonctionnel avec un coup collectif non négligeable en santé publique. Ainsi, le laboratoire LAD Pharma a organisé hier la première journée médicale sur la prévention et la prise en charge de l'ulcère du pied diabétique qui est aujourd'hui un vrai problème de santé publique. Dans sa communication, intitulée «prévention et prise en charge thérapeutique», le Pr Fouzia Sekkal, chef de service de diabétologie au CHU Lamine Debaghine de Bab El Oued, (ex-Maillot), a fait savoir, selon des statistiques de la Fédération internationale du diabète, qu'un diabétique subit une amputation de pied toutes les 30 secondes à travers le monde. Selon elle, le recours à l'amputation du pied est notamment due à une consultation médicale tardive, au manque de structures d'accueil et à l'évolution silencieuse du diabète chez beaucoup de sujets, puisque, a-t-elle précisé, le malade aurait contracté le diabète 5 à 10 ans auparavant et son pied serait infecté sans qu'il s'en rende compte. Dans la majorité des cas, poursuivra le Pr Sekkal, le malade amputé n'accepte pas sa situation et devient, par conséquent, hanté par un abattement psychologique, ce qui affectera également son entourage, voire sa famille. Elle a tenu à appeler à une prise en charge totale du pied diabétique et à s'assurer de l'état métabolique du patient, tout en conseillant d'examiner ses reins, son cœur et autres troubles et d'établir ensuite un diagnostic neurologique, vasculaire et orthopédique. Lui emboîtant le pas, le Pr Mohamed Bouayed, spécialiste en chirurgie vasculaire au CHU d'Oran, a qualifié l'infection du pied diabétique de «très grave», avant d'ajouter qu'elle est responsable de 50% des cas d'amputation. Il a, dans ce contexte, précisé que la moitié des diabétiques atteints de cette infection subissent une amputation des deux pieds dans un délai de cinq ans. Les complications de cette maladie, soulignera-t-il, sont 17 fois plus importantes chez les diabétiques, et elles sont à l'origine de l'ulcère du pied dans 15% des cas et de 50% des décès. Le professeur a d'ailleurs indiqué qu'il est difficile pour le service de chirurgie vasculaire de prendre en charge le traitement du pied diabétique, signalant que le délai de cicatrisation est de 7 mois. Il a, d'autre part, présenté une étude réalisée sur un échantillon de 302 malades, âgés entre 40 et 88 ans, hospitalisés pendant un mois au niveau du CHU d'Oran. L'étude relève 176 cas d'infection d'un ou de deux orteils (57%) et 82 cas d'infection de plusieurs orteils (27%). Par ailleurs, l'étude fait état de 278 opérations de revascularisation (92%), 48 angioplasties (stent), contre 28 amputations majeures du pied (8%), 34 amputations de la cuisse (22,3%) et 20 cas de décès (7,1%). Les spécialistes présents à ce rendez-vous scientifique ont accordé leurs violons quant à l'importance d'une coordination médicale entre les médecins généralistes et spécialistes, du choix du meilleur traitement, de la mobilisation de moyens et de personnel médical en vue d'assurer un bon traitement du pied du diabétique, et à la nécessité de mettre en place une équipe médicale pluridisciplinaire pour le traitement. Cette équipe médicale doit être composée, selon eux, de spécialistes en diabétologie, en médecine interne, en chirurgie vasculaire et en orthopédie pour traiter le pied diabétique, devenu désormais une lourde charge pour la santé publique. D'ailleurs, sur ce point, M. Abdelkrim Djebbar, directeur général du laboratoire LAD Pharma, et la représentante du laboratoire cubain qui produit le Heberprot-P en injections, ont présenté ce médicament qui est, selon eux, la seule alternative à ce jour pour la prévention des amputation, car, entre autres, il stimule la granulation, réduit le nombre de débridements chirurgicaux et diminue le nombre d'amputations. N. B.