Sans aller à affirmer que feu l'ouléma Abdelhamid Ben Badis a dans une vie antérieure été quelque part gauchiste, il n'en demeure pas moins que les propos qui nous ont été livrés, dans la matinée d'hier dans la salle de conférences de l'hôtel Hocine à Ali-Mendjeli par M. A. Filali, président de la Fondation éponyme, en marge des travaux de la journée de clôture, lève le voile sur un, voire des aspects de la vie de l'homme religieux tout à fait surprenants. Nous saurons ainsi que Ben Badis, et c'est sans nul doute l'un des traits qui lui sont attribués par ses thuriféraires en matière de pensée universaliste, aurait été plus que proche d'évènements internationaux de grande dimension et parfois à la très forte intensité émotionnelle comme sa proximité du combat des Républicains espagnols contre la répression franquiste. Selon notre interlocuteur lequel, est-il important de le souligner, est historien, «Durant la guerre civile d'Espagne, le cheikh a été approché par une association qui réunissait les écrivains et intellectuels français à laquelle il avait adhéré et il était destinataire de tout ce qui se disait et s'écrivait autour du drame de ce pays d'Europe. Mieux, il lui était donné ‘'du très cher ami'' dans toutes les correspondances qui lui parvenaient. D'ailleurs, à un moment alors qu'un groupe d'intellectuels espagnols tentaient d'échapper à la répression et se trouvaient en situation délicate dans une région des Pyrénées, ses correspondants français le sollicitaient pour avoir son appréciation personnelle sur les voies et moyens de leur porter assistance, notamment sur le plan matériel et financier, c'est-à-dire des dons du peuple algérien et l'intelligentsia nationale. Il recevait des correspondances de Sao-Paulo et d'autres Etats américains». Parler de mystère autour du théologien qu'était cheikh Abdelhamid Ben Badis, ne serait pas du domaine du hasardeux d'autant plus que l'histoire nationale retiendra qu'au lendemain de l'indépendance, le mouvement des Oulémas a été la cible du pouvoir naissant, donc un mystère sciemment entretenu et confinant celui-ci au rôle d'homme religieux rigoriste alors que, toujours selon notre interlocuteur, il aurait été un Che avant l'heure puisque «Dans un rapport de police dont nous disposons d'une minute, il était présenté comme un révolutionnaire s'engageant et surtout s'alliant avec tout peuple aspirant à sa liberté et non pas uniquement à la seule cause arabe», dira-t-il ajoutant «figurez-vous qu'il existe un rapport de police datant de 1958, alors que le cheikh est décédé en 1940 pour insister sur l'aura politique qui se dégageait de sa personnalité et surtout de ses idées». En marge de la rencontre également, nous avons eu l'heur de rencontrer sa nièce à laquelle nous avons demandé plus d'explications sur la sculpture qui lui a été consacrée et laquelle ne serait pas fidèle à l'homme en question, d'où par ailleurs ses protestations dans certains journaux du paysage médiatique. «Bien sûr, nous avons été plutôt désappointés de constater que la reproduction n'était pas fidèle et notre regret et d'autant plus grand que sur les réseaux sociaux les gens s'en sont faits un motif de caricatures.» Pourtant la statue qui trône au centre-ville ne peut être un fait unilatéral des pouvoirs publics et la réponse de notre interlocutrice est la suivante «Effectivement, nous avons été mis au courant des intentions des pouvoirs publics d'immortaliser l'image du cheikh, même si c'est contraire à sa perception religieuse et morale d'une démarche en ce sens. Mais nous avons quand même signifié notre accord et avons de fait proposé à ceux qui nous avaient approchés de mettre à leur disposition tout le support iconographique souhaité.» Nonobstant de tout cela, la logique aurait voulu que l'esquisse soit préalablement proposée à la famille «Cela n'a pas été le cas, nous n'avons vu la statue qu'une fois terminée et avons par conséquent protesté sur le manque de rigueur dans la reproduction. Bien entendu, nous en avons parlé avec qui de droit et espérons qu'une solution soit trouvée.» Un artiste présent sur les lieux s'étonnera de l'amateurisme technique qui a prévalu dans la réalisation d'une statue que les moyens technologiques actuels ne pardonnent pas. «On ne fait plus une statue le pied-levé, il existe désormais des moyens et équipements qui permettent d'obtenir la reproduction d'une personne plus vivante que l'originale, plus vraie que nature.» Soulignons quand même que les communications faites lors de ce colloque ont été de très haut niveau, les communicants ne s'étant pas épargnés de bien creuser leurs recherches historiques et historiographiques pour rendre vérité et authenticité au cheikh, notamment celle de son rejet viscéral de toute interprétation dogmatique du Livre saint et partant de toute forme d'extrémisme religieux. A. Lemili Calendrier des évènements d'avril, mai et juin 2015 18 avril – 15 juillet 16h : Vernissage de l'exposition rétrospective consacrée à l'artiste Kamel Nezzar. Maison de la culture Al Khalifa. 20 - 22 avril Colloque international «Les élites algériennes et le mouvement El Islah». Salle de conférences de l'Université islamique Emir Abdelkader. 23 - 25 avril 20h : Pièce théâtrale, par la troupe du Théâtre de Constantine. Théâtre éponyme. 23 avril - 20 mai Salon national du livre, débutant à la Journée internationale du livre et du droit d'auteur. Hall central de l'université Mentouri. 17h : Inauguration de l'exposition des affiches et costumes retraçant l'histoire du théâtre algérien. Théâtre régional de Constantine. 27 – 30 avril 17h : Ouverture des Journées culturelles de la Palestine. Zénith, grande salle et salles d'exposition du 1er étage. 18h : Nuits de la poésie arabe, soirée consacrée à la Palestine. Auditorium de l'université Constantine 3. 29 avril 20h : Spectacle de danse, troupe indienne dirigée par Sandeep Kumar Khevéa. Théâtre régional de Constantine. 30 avril 20h : Concert de jazz, à l'occasion de la Journée internationale du jazz. Zénith. 30 avril - 2 mai 20h : L'Ours, pièce théâtrale adaptée de L'âne d'or d'Apulée de Madaure, présentée par la troupe du théâtre de Souk Ahras. Théâtre régional de Constantine. 1 - 5 mai 17h : Ouverture de la semaine culturelle des wilayas de Tlemcen et Aïn Témouchent. Zénith. 3 mai 9h30 : Conférence sur le parcours de la Cinémathèque algérienne, avec hommage aux pionniers du cinéma algérien. Auditorium de l'université Mentouri. 2 mai - 2 juillet Exposition d'affiches de films, de photos d'artistes et d'acteurs du cinéma algériens. Centre culturel du Khroub. Tous les jours. 5 mai 20h : Spectacle musical indonésien. Théâtre régional de Constantine. 2 - 8 mai Semaine du film révolutionnaire algérien. Cinémathèque de Constantine. Tous les jours, à 13h et à 17h. 7 mai 20h : Symphonie El wiam, par l'Orchestre symphonique national, avec la participation de musiciens des pays arabes et d'andalou-musiciens de Constantine. Zénith. 7 - 9 mai 20h : Jughurta, pièce théâtrale de Abderrahmane Madoui, par la troupe New théâtre des Issers-Boumerdès. Théâtre régional de Constantine. 7 - 10 mai 9h : Ouverture du Colloque international sur les évènements du 8 mai 1945, à l'auditorium de l'université Mentouri. Le colloque se déplace le 8 mai à l'université de Guelma, le 9 à l'université de Sétif et le 10 à l'université de Béjaïa. 14 - 20 mai 20h : 11e édition du Festival national du théâtre universitaire. Théâtre régional de Constantine. 15 mai – 15 juilllet Inauguration de l'exposition «Les 1001 inventions de la civilisation musulmane». Chapiteau sur l'esplanade de l'université Mentouri. 18 mai 20h : Soirée musicale animée par des artistes arabes, en hommage à Warda El Djazairia. Zénith. 19 mai 20h : Spectacle musical pour la Journée nationale de l'étudiant, par des artistes algériens. Zénith. 20 - 30 mai Exposition du premier lot d'ouvrages édités pour la manifestation CCCA-2015. 20 mai - 20 octobre Exposition «Nouba», au Palais de la culture Malek Haddad. Hommages hebdomadaires aux maîtres de la musique andalouse et édition de coffrets et d'ouvrages. 21 - 23 mai Ettefah, pièce théâtrale de Abdelkader Alloula, par le Théâtre régional d'Oran. Théâtre régional de Constantine. 23 - 26 mai 17h : Ouverture des Journées culturelles de l'Egypte. Zénith. 22 - 24 mai Colloque international «Les femmes résistantes : itinéraires et œuvres». Salle de conférences de l'université Constantine 3. 24 mai - 4 juin El Kheyat, pièce théâtrale pour enfants, de la coopérative Masrah Ellil de Constantine. Théâtre régional de Constantine, centres culturels des communes et établissements scolaires. 31 mai - 6 juin Salon national de l'artisanat et des arts et métiers traditionnels. En collaboration avec le ministère du Tourisme. 1 - 5 juin 9h : Semaine culturelle des wilayas de Ghardaïa, de Ouargla et de Laghouat. Zénith. 1 - 6 juin Madinat El Ahlem, pièce théâtrale pour enfants, du groupe d'associations de Mostaganem. Théâtre régional de Constantine, établissements scolaires et centres culturels. 2 - 4 juin Colloque international «Histoire générale de Constantine et Histoire des cités». Salle de conférences de l'hôtel Marriott. 6 - 9 juin 17h : Ouverture des Journées culturelles de l'Arabie Saoudite. Zénith et ses espaces. 9 - 11 juin 9h : Ouverture des Rencontres arabes de la poésie populaire de la résistance. Centre culturel M'hamed El Yazid, El Khroub. 14 - 18 juin Exposition de philatélie arabe, en partenariat avec le ministère des Postes. Centre culturel M'hamed El Yazid, El Khroub. 10 - 17 juin Semaine du film algérien produit pour «Alger, Capitale de la culture arabe 2007», en présence des réalisateurs et des producteurs. Cinémathèque de Constantine, tous les jours à 13h et à 17h. 11 - 15 juin Le Dragon géant, spectacle théâtral pour enfants, par des associations de Sidi Bel Abbes et d'Oran. Théâtre régional et centres culturels de Constantine. 15 juin - 15 septembre 9h – 18h : Exposition rétrospective du peintre Belounis. Maison de la culture Al Khalifa. 18 - 20 juin Colloque international «Anthropologie et musique». Salle de conférences de l'université Constantine 3 Ali Mendjeli. 21 - 25 juin Semaine culturelle des wilayas de Tindouf, d'Illizi, d'Adrar et de Tamanrasset. Zénith. 23 - 25 juin Salah Bey, pièce théâtrale de H'cene Derdour, par la coopérative Echihab de Annaba. Théâtre régional et centres culturels de Constantine.