La dernière offre de l'Arabie saoudite de suspendre sa campagne de bombardements sur le Yémen pour plusieurs jours semble prendre forme. Dans une atmosphère de forte suspicion. Le bureau politique des Houthis a annoncé «être prêt à réagir positivement à tout effort, appel ou mesure qui aiderait à mettre fin aux souffrances» de la population yéménite. Ainsi malgré des annonces de cessez-le-feu qui s'avéreront souvent fausses de la part de la coalition, les Houthis semblent disposés à jouer le jeu. Et faire dans la similarité de leurs antagonistes : être présents sur les deux fronts, humanitaire et guerrier. Des militaires alliés aux Houthis ont quand à eux accepté le cessez-le-feu humanitaire, après six semaines de bombardements quotidiens de la coalition saoudienne. Le Yémen demeure soumis à un embargo sur les armes imposé par l'ONU. Cette dernière exige un contrôle strict de tous les cargos, compliquant les livraisons d'aide humanitaire. Riyad a proposé vendredi un cessez-le-feu annoncé comme destiné à «soulager la population prise au piège des combats», pour cinq jours renouvelables, mais sur le terrain la situation va en se dégradant faisant face à un double discours, altruiste et belliciste. Au même moment de l'annonce de l'offre de trêve un raid de la «coalition arabe» a frappé la résidence de l'ex-président Ali Abdallah Saleh actuellement allié des Houthis. L'ancien président, à la tête du Yémen pendant plus de trois décennies avant d'être poussé vers la sortie par un soulèvement populaire début 2012, est aujourd'hui un acteur important de la crise actuelle. L'appui des militaires fidèles à Saleh a permis aux Houthis, selon les observateurs, de prendre le contrôle de la capitale Sanaa en janvier, poussant à l'exil Abdrabbou Mansour Hadi, le président controversé. Le parti de Saleh, le Congrès populaire général, semble également user de stratégie. Il a salué l'offre de trêve, exprimant l'espoir que cela réduirait «l'impact» de l'offensive «qui a fait subir à la population yéménite des souffrances sans précédent et un blocus inédit». La coalition menée par Riyad a bombardé la ville de Saada dans le nord du pays après avoir appelé les civils à quitter la ville. Des centaines de personnes ont fui cette cité située à une cinquantaine de km de la frontière saoudienne. Les ONG ont prévenu que de nombreux civils n'auraient pas le temps de fuir Saada à temps et exhorté la coalition d'éviter les bombardements. Samedi les avions de la coalition ont également bombardé le principal aéroport de la capitale, Sanaa. L'ONU et des ONG ont pourtant à plusieurs reprises averti contre les conséquences des bombardements contre l'aéroport. Ce dernier constitue une structure importante pour transporter les secours. Cette guerre imposée a compliqué la situation humanitaire devenue alarmante au Yémen. L'Unicef a averti que si les restrictions aux importations se prolongeaient, «elles feraient plus de morts que les balles et les bombes dans les prochains mois». Plus de 1 400 personnes ont été tuées dans cette guerre, selon l'ONU. M. B./Agences