La situation humanitaire est jugée catastrophique dans un pays à feu et à sang, confronté à une pénurie de denrées alimentaires et à une sévère crise sanitaire. Fait aggravant : le blocus maritime et aérien rendant aléatoire l'acheminement de l'aide internationale. Le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU au Yémen (OCHA), Johannes Van Der Klaauw, dresse un sombre tableau d'un conflit qui a fait plus de 8.600 morts et 6.000 blessés, en majorité des civils, en demandant, jeudi dernier, l'arrêt « immédiat des attaques contre les hôpitaux et les infrastructures civiles ». Dans ce champ de désolation et de ruines, la « Tempête décisive », censée avoir pris fin depuis deux semaines et rebaptisée « Restaurer l'espoir », pour relancer la reconstruction, la nécessité d'une « pause humanitaire » se fait nettement sentir. Elle est revendiquée par la famille humanitaire, associant dans un même élan le CICR (Comité international de la Croix-Rouge), MSF (Médecins sans frontières) et l'OCHA, alarmés des attaques contre les « voies d'accès vitales » et plus particulièrement l'aéroport de Sanaâ. Face au risque d'escalade, traduit par les attaques des Houthis en territoire saoudien (10 civils tués) et la reprise des bombardements aériens, l'annonce d'un cessez-le-feu de 5 jours prenant effet à partir du 12 mai, formulé, vendredi dernier, par le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir, lors de la visite du secrétaire d'Etat John Kerry, a ranimé l'espoir d'un allégement des souffrances de la population et la recherche d'une solution pour « parvenir à la paix ». Mais la trêve, tributaire, selon Riyad, des « Houthis et de leurs alliés », n'a pas tenu longtemps. Alors que l'on attendait l'arrêt des hostilités et des mouvements des troupes, le langage des armes a prévalu. Quelques heures seulement après l'offre saoudienne, les avions de la coalition sont passés à l'action pour faire « payer cher » l'attaque de la région frontalière saoudienne de Najrane, qualifiée par le porte-parole de la coalition, le général Ahmed al-Assiri, de « ligne rouge ». Deux centres de contrôle, un site de communication et une usine fabricant des mines et d'autres positions ont été détruites. Sitôt rouvert pour quelques heures, l'aéroport de Sanaâ a été bombardé, hier, par la coalition arabe. Une trêve impossible ? « L'équation a changé, le conflit a changé », a estimé le général Al Assiri. Une opération, qui « commençait maintenant », selon lui, viserait « tous les dirigeants de l'organisation, leurs lieux de rassemblement, de commandement et leurs stratèges ». Il reste que dans ce durcissement de la guerre au Yémen, marqué par les accusations d'ingérence renouvelées entre l'Iran et l'Arabie saoudite, le scénario de l'assaut terrestre, jugé « téméraire » par Kerry, est totalement exclu, en réponse à l'appel de la mission yéménite auprès de l'ONU exigeant, dans une lette adressée au Conseil de sécurité, le déploiement d'une « force terrestre ». C'est le cas également pour l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, confirmant les assurances qataries et saoudiennes et fondamentalement acquis aux négociations de Riyad, prévues le 17 mai, au demeurant loin d'être incompatibles avec l'initiative attendue de Genève.