Les belligérants au Yémen se rapprochent d'un accord de cessez-le-feu de cinq jours renouvelables à partir de demain, à 23h. Une offre formulée vendredi dernier par l'Arabie saoudite, le voisin à la tête d'une coalition menant, depuis le 26 mars dernier, des raids aériens contre les rebelles houthis qui ont poussé à l'exil le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Le bureau politique de la milice chiite s'est dit, hier, prêt à répondre « positivement » aux efforts destinés à « mettre fin aux souffrances » de la population. Des militaires alliés à ces rebelles avaient eux aussi annoncé, dans la matinée, accepter la trêve humanitaire. « Après la médiation de pays amis visant à établir une trêve humanitaire qui mettrait fin au blocus tyrannique et permettrait l'arrivée de navires de commerce dans les ports yéménites et l'entrée de l'aide humanitaire dans le pays, nous annonçons que nous acceptons la trêve humanitaire », a déclaré leur porte-parole, le colonel Sharaf Luqman, prévenant que l'armée répondra à toute rupture de la trêve par des combattants d'Al-Qaïda ou par leurs alliés. Ces militaires déserteurs restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh n'ont accepté l'offre saoudienne qu'après que la coalition eut touché la résidence de ce dernier dans la capitale Sanaâ. Le parti de l'ancien président, le Congrès populaire général (CPG), a salué l'offre de trêve dès samedi soir. Ses dirigeants ont exprimé, dans leur communiqué, l'espoir que cela réduirait « l'impact de l'offensive qui a fait subir à la population yéménite des souffrances sans précédent. » La coalition avait commencé dans la journée à bombarder le fief des insurgés à Saâda (nord) après avoir appelé les civils à quitter rapidement la ville. Les maisons de plusieurs chefs houthis, ainsi que des dépôts d'armes, ont été ciblés, a rapporté l'agence officielle saoudienne SPA. « L'opération militaire conduite par l'Arabie saoudite a empêché le Yémen de devenir un théâtre pour le terrorisme, la discorde et les luttes internes », a affirmé, hier, le souverain saoudien, Salmane Ben Abdelaziz, soulignant que la crise politique au Yémen est symptomatique du genre de « dangers qui peuvent guetter la nation islamique ». C'est un exemple, a-t-il expliqué, d'« une instrumentalisation du confessionnalisme pour atteindre des objectifs politiques qui n'ont rien à avoir avec l'islam et n'ont pour objectif que d'agresser autrui et de le priver de ses droits ». L'Arabie saoudite a réagi « à ce danger après avoir épuisé tous les moyens pacifiques pour trouver une solution au Yémen », a-t-il dit, ajoutant que Riyad « a répondu à l'appel du devoir pour sauver le Yémen et son peuple d'un groupe agissant sous l'emprise du confessionnalisme et qui s'en est pris au gouvernement légitime ». « Ce groupe a commencé ensuite à agiter des menaces contre les pays voisins et, en premier lieu, l'Arabie saoudite avec le soutien de parties étrangères cherchant à étendre leur hégémonie à la région », a conclu le souverain saoudien. Malgré les critiques de l'ONU et des organisations humanitaires, les avions de la coalition ont bombardé samedi le principal aéroport de la capitale aux mains des rebelles mais qui reste une voie « vitale » pour transporter les secours dans un pays en proie à des pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments. Actuellement, c'est le port de Hodeïda, sur la mer Rouge, qui accueille les aides internationales.