Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé, jeudi dernier, à un remaniement au sein de l'équipe gouvernementale. La première remarque qui ressort des changements opérés est certainement le maintien du timonier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ce qui en soi est un signe fort du chef de l'Etat par lequel il exprime le renouvellement de sa confiance en son chef de l'exécutif. Le deuxième indice de lecture concerne la nature des nominations, pour les nouveaux arrivants dans le gouvernement, et les permutations, pour les ministres qui changent de portefeuilles. Dans ce chapitre, on relèvera le maintien du général de Corps d'armée Ahmed Gaïd Salah à son poste de vice-ministre de la Défense nationale et chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP). Idem pour Ramtane Lamamra et Tayeb Louh qui gardent leurs portefeuilles, respectivement ministre des Affaires étrangères et ministre de la Justice, garde des Sceaux. Le seul changement opéré dans le compartiment «Politique» du gouvernement concerne le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales qui échoit au désormais ex-ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Nourredine Bedoui, en remplacement de Tayeb Belaïz, nommé ministre d'Etat, conseiller spécial auprès du président de la République, alors que Abdelkader Messahel a vu son poste de ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines élevé au rang de ministre des Affaires maghrébines et africaines, et de la Coopération internationale. Ainsi, hormis M. Belaïz, qui, vraisemblablement, n'est que déchargé d'une responsabilité administrativement astreignante pour se réserver à des missions plus lourdes politiquement, la structure de ce compartiment reste la même. Par contre, c'est dans le compartiment «Economie» que nous observons les changements les plus significatifs, en premier lieu dans le ministère des Finances. Mohamed Djellab laisse ainsi sa place à Abderrahmane Benkhelfa. Technocrate comme son prédécesseur - M. Benkhelfa a occupé le poste de délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (Abef)-, le nouveau ministre a toutefois pour lui un sens de la communication et de la pédagogie que M. Djellab n'a pas su développer, surtout concernant des questions aussi importantes que la parité du dinar ou le retour à l'orthodoxie financière. L'ex-ministre des Finances a aussi accumulé du retard dans le processus de modernisation du système bancaire qui s'impose comme une nécessité impérieuse et se pose donc comme un chantier prioritaire pour le nouvel argentier du pays. L'autre secteur stratégique qui connaît un départ remarqué est celui de l'énergie. Youcef Yousfi cède son poste à Salah Khebri, un homme du domaine, qui devra éviter de mettre ses pieds dans les traces de son prédécesseur pour le traitement du dossier «gaz de schiste» et la gestion de la problématique de la chute des prix du baril de pétrole. C'est le Président himself qui a initié l'action en direction des pays producteurs de pétrole, Opep et non- Opep, pour trouver une parade consensuelle à la crise pétrolière. Les ministres de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, et du Commerce, Amara Benyounès, sont maintenus à leurs postes respectifs pour, manifestement, poursuivre la politique qu'ils mènent en vue de renforcer la machine industrielle nationale, pour le premier, et promouvoir la production locale, pour le deuxième. Cela sans parler du travail mené pour l'organisation et/ou la réorganisation de leurs secteurs, même si les résultats des actions et opérations lancées ne sont pas encore visibles. Abdelmadjid Tebboune garde aussi son ministère de l'Habitat, l'Urbanisme et la Ville, pour le plus grand bonheur des citoyens qui attendent des logements, car M. Tebboune a été entreprenant et réussi non seulement à satisfaire les attentes de milliers de citoyens, mais aussi à remettre de l'ordre dans le secteur pour relever les défis qui se posent. Pour les autres ministères du compartiment «Economie», ce sont essentiellement des changements de portefeuilles : Amar Ghoul à l'Aménagement du territoire, le Tourisme et l'Artisanat, Abdelkader Kadi, à l'Agriculture et au Développement rural, Abdelouahab Nouri aux Ressources en eau et l'Environnement. Deux nouveaux rejoignent ce compartiment. Boudjemaa Talaï est désigné à la tête du ministère des Transports (à la place de Amar Ghoul), après avoir occupé le poste de président du Groupe sidérurgie et métallurgie (Imetal). Le gouvernement accueille également Abdelkader Ouali comme ministre des Travaux publics. M. Ouali n'est pas ce qu'on appellerait un nouveau, loin s'en faut. Après avoir assumé les charges de wali durant de longues années (jusqu'à devenir le doyen des walis), il a occupé le poste de secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Dans la liste des nouveaux, on ne peut manquer l'arrivée de la jeune universitaire, Iman Houda Feraoun, comme ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, en remplacement de Zohra Derdouri. Mme Feraoun était directrice générale de l'Agence thématique de recherche en sciences et technologie (Atrst). Elle reste donc dans son domaine, mais avec des responsabilités plus lourdes et des enjeux plus importants. Tahar Hadjar, recteur de l'Université d'Alger, prend, lui, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, alors que Nouria Benghebrit garde son département de l'Education nationale qu'elle a su gérer malgré les vents contraires. Idem pour Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Hamid Grine, ministre de la Communication, Sid Ahmed Ferroukhi, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques et Abdelkader Khomri dont le portefeuille de la Jeunesse récupère celui des Sports que Mohamed Tahmi a perdu, comme Nadia Labidi qui cède son poste à Azzedine Mihoubi. Abdelmalek Sellal a ainsi une nouvelle équipe, à dominante technocrate, avec laquelle il devra prendre en charge tous les chantiers en cours et, surtout, lancer ceux en attente, en plus de devoir gérer, en accord avec le chef de l'Etat, la conjoncture économique caractérisée par la crise pétrolière et le défi du sursaut national, et celle politique dominée par la révision constitutionnelle et les deux congrès des deux premiers partis, le FLN et le RND. H. G.