Un attentat suicide qui aurait pu faire un massacre a été déjoué par la police à Louxor, dans le sud de l'Egypte, la seconde attaque visant des touristes depuis la destitution par l'armée en 2013 du président Mohamed Morsi. Les attentats sont très fréquents en Egypte depuis l'éviction de Morsi et la très sanglante répression qui s'est abattue sur ses partisans. Mais ils visaient jusqu'alors quasi-exclusivement les forces de sécurité. L'attaque d'hier semble indiquer, comme le redoutaient les experts, que les djihadistes ont changé de stratégie et visent désormais les touristes étrangers au moment où le nouveau pouvoir tente d'attirer les investisseurs internationaux qui avaient déserté l'Egypte depuis quatre ans. Dans la matinée, trois hommes se sont présentés en voiture au poste de contrôle barrant l'accès au parking du temple de Karnak, l'un des sites de l'Egypte pharaonique les plus célèbres. «Un policier en civil, suspicieux, les a forcés à s'arrêter, l'un des assaillants s'est échappé du véhicule et a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui», a commenté le ministère du Tourisme égyptien. Les policiers ont immédiatement ouvert le feu sur les deux autres hommes, tuant l'un et blessant grièvement l'autre à la tête, a affirmé la, police. Le policier qui avait stoppé le véhicule a été légèrement blessé, tout comme un de ses collègues et deux civils égyptiens. «Les services de sécurité de Louxor ont déjoué un attentat terroriste», a confirmé le ministère de l'Intérieur. S'ils avaient passé le barrage, les assaillants auraient fait un massacre, le temple étant visité par quelques centaines de touristes chaque jour. Dès l'explosion, les services de sécurité, très présents sur les sites touristiques en Egypte depuis une série d'attentats dans les années 1990, avaient consigné tous les touristes et visiteurs dans le temple, assurant leur sécurité. Depuis l'éviction en juillet 2013 de Morsi, l'Egypte est le théâtre de nombreux attentats revendiqués. Dans les semaines qui ont suivi son éviction, plus de 1 400 manifestants pro-Morsi ont été tués par les forces de sécurité. Et depuis, plus de 40 000 personnes, selon Human Rights Watch (HRW), ont été arrêtées. Des centaines de pro-Morsi ont ensuite été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs. L'immense majorité des attentats particulièrement meurtriers des derniers mois ont eu lieu dans le Sinaï, bastion de la branche égyptienne de Daech. Ces dernières années, les attentats visant des lieux touristiques étaient devenus extrêmement rare. Avant celui visant les Sud-Coréens en 2014, le dernier remontait à février 2009, quand une touriste de nationalité française avait été tuée par l'explosion d'une grenade dans le cœur historique du Caire. Mais les années 1990 avaient été marquées par une série d'attentats meurtriers visant les touristes et qui avaient porté un coup dur à l'économie égyptienne, dont le secteur touristique est l'un des principaux piliers. En novembre 1997, six djihadistes avaient ainsi massacré à Louxor trente-cinq Suisses, six Britanniques, quatre Allemands, deux Colombiens, onze Japonais et quatre Egyptiens. Tous les membres du commando avaient été ensuite tués. Le ministère du Tourisme a tenté dès hier dans son communiqué de limiter les risques pour cette industrie vitale pour l'Egypte, et qui commençait à renaître lentement. R. I./Agences