Face à l'amenuisement des ressources financières du pays, la Banque d'Algérie a décidé d'opter pour de nouvelles méthodes de financement de l'économie nationale. C'est ce qui ressort des déclarations du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, faites, jeudi dernier, lors d'une rencontre avec les P-dg des banques et établissements financiers. Dans son exposé sur «la stabilité macroéconomique en Algérie et le financement bancaire de la croissance», le patron de BA a dévoilé les grands axes d'un nouveau schéma de financement de la croissance économique. Ce schéma avait été rendu impératif dans la perspective d'atteindre un taux de croissance de 7% à l'horizon 2019, tel que fixé par le gouvernement, précise M. Laksaci. Cette «feuille de route», détaille-t-il, sera enrichie au fur et à mesure des nouvelles données et avec la collaboration des banques. Une feuille de route qui tiendra compte aussi des retombées du choc externe dû à la baisse drastique des cours de pétrole et doit tirer profit des ressources financières accumulées jusqu'ici. Dans cette perspective, le gouverneur de la BA n'a pas manqué d'appeler les banques à adopter des méthodes proactives dans la collecte des ressources et l'octroi des crédits à l'économie. Il a, dans ce sens, donné des orientations aux P-dg des banques afin d'augmenter le volume des crédits de qualité, destinés à financer l'investissement productif et à soutenir la compétitivité externe du pays. Il a également instruit les banques afin de redoubler d'efforts dans la collecte des ressources et l'affectation de l'épargne au financement des investissements, notamment des PME. Dans cette optique, les banques sont appelées à développer des produits financiers attractifs et à améliorer les services bancaires de base destinés à la clientèle des ménages. Pour M. Laksaci, les besoins de financement de l'économie sont tellement importants qu'il est impératif de mobiliser l'épargne publique et même l'argent hors circuits bancaires afin de les satisfaire. Il rappelle, à ce titre, qu'une forte croissance de l'autofinancement à des rythmes de 71,4% et de 24,1% a été enregistrée durant la période de 2010-2011. Ce qui a contribué à la reprise significative des investissements dans les secteurs hors hydrocarbures. Dans le détail, il précise que la structure de financement des investissements en Algérie montre un niveau très élevé de l'autofinancement. Durant les neuf dernières années, 87% des investissements en Algérie ont été autofinancés, représentant essentiellement des investissements de l'Etat et du Groupe Sonatrach. Idem pour les investissements hors hydrocarbures qui ont aussi été fortement autofinancés à hauteur de 59,7%. Ce, au moment où l'épargne des entreprises privées et des ménages s'est accrue sans que le secteur économique n'en profite, relève le patron de la BA. Cette politique d'expansion des crédits doit s'accompagner cependant, selon la BA, d'un respect strict des mesures prudentielles afin d'anticiper les risques sur ces financements bancaires. La banque centrale annonce, à ce titre, qu'elle allait soumettre dès juillet prochain les banques de la place à des «stress test» en vue d'évaluer leur capacité de résilience en cas de crise. Enfin, Laksaci a écarté la levée de l'interdiction de l'endettement des entreprises algériennes à l'international, décidée en 2009, et ce malgré la contraction des ressources financières. S. B./APS