Une série d'attaques a été commise ce vendredi dans le monde, en France, en Tunisie, au Koweït et en Syrie. Près d'une quarantaine de morts en Tunisie, une trentaine au Koweït, plus d'une centaine de tués à Kobané, en Syrie et un mort en Isère en France. Ces attaques multiples interviennent au second vendredi du mois du Ramadhan, le mois propice aux attaques terroristes, mais également à deux jours de l'anniversaire de la proclamation du califat par le groupe Etat islamique (EI), le 29 juin 2014. Il ne s'agit donc nullement d'une coïncidence mais d'une célébration d'existence et les attentats commis s'inscrivent dans ce que l'Etat islamique appelle le «mois de célébration», qui fête son premier anniversaire et une occasion donc de marquer les esprits. D'ailleurs, les attentats au Koweït, en Syrie et en Tunisie ont été revendiqués par l'EI, l'organisation d'Abou Bakr El-Baghdadi. En plus du fait que ce soit l'anniversaire de création du Daech, pour les terroristes de cette nouvelle organisation le timing est parfait, car c'est le mois du Ramadhan, considéré comme le mois du djihad et du sacrifice, doublé de la meilleure journée de la semaine, celle du vendredi. Une situation classique pour les habitués aux affres du terrorisme comme l'Algérie qui, depuis qu'elle a vécu les pires années du terrorisme, double toujours sa vigilance durant certaines périodes jugées propices aux attaques. A rappeler aussi que Daech a appelé récemment à frapper partout où cela se révèle possible, pour faire du Ramadhan «un mois de malheur pour les mécréants». Il s'agit là de la même stratégie déjà menée par le Groupe islamique armé (GIA) ou Al-Qaïda, qui ont toujours cherché les actes terroristes au plus grand retentissement médiatique, mais aussi des plus cruels et barbares afin de choquer les esprits. Et il s'agit là d'un des buts du groupe terroriste à savoir provoquer le chaos en semant la terreur. Daech a fait montre au cours des derniers mois d'une véritable surenchère dans l'effroi. Cela a été de nouveau le cas, vendredi dernier à Sousse où l'irruption d'un terroriste armé d'une kalachnikov et de grenades, qui a fait 38 morts et autant de blessés, selon un bilan provisoire, a marqué à jamais les esprits. Selon un communiqué diffusé par des comptes Twitter djihadistes «le soldat du "califat" (...) a pu parvenir au but "en tuant des étrangers" dont la plupart sont des sujets de l'alliance croisée qui combat l'Etat du "califat"», allusion à la coalition internationale lançant des raids contre les bastions de l'EI en Irak et en Syrie. En fait et il faut le souligner, la Tunisie est de plus en plus une proie facile pour Daech et ses actes terroristes. Car l'attaque de vendredi dernier n'est pas une première. Il y a eu une autre aussi spectaculaire, trois mois plus tôt, à savoir celle menée contre le Musée du Bardo à Tunis où 22 personnes, dont 21 de nationalités étrangères, sont mortes. L'an dernier, un kamikaze s'était fait exploser sur une plage de Sousse, sans faire de victime. La Tunisie qui a enregistré un recul de près de 30% dans le secteur du tourisme ces 3 derniers mois, a dû évacuer hier des milliers de touristes étrangers qui se sont empressés de quitter le pays. Ce qui va encore mettre à mal l'économie de la Tunisie qui peine à décoller après la révolution du Jasmin et qui risque de stagner avec la montée spectaculaire du terrorisme. Le Président tunisien promet de réagir vite et son Premier ministre, Essid, a, lui, annoncé des mesures visant à renforcer la sécurité, dont la fermeture d'environ 80 mosquées accusées d'«inciter au terrorisme» et le recours à l'armée de réserve. Est-ce que cela va résoudre le problème du terrorisme en Tunisie ? Peu probable avec la situation qui prévaut en Libye où Daech est bien implanté. H. Y.