À Kobané, la ville kurde syrienne, assiégée depuis plus d'un mois, les Kurdes résistent tant bien que mal, devant l'acharnement des assauts terroristes de Daech, faisant craindre un massacre des populations civiles. En d'autres termes, un génocide. Devant cette situation, l'ONU lance une alerte contre les risques, que survienne un nouveau "Srebrenica", si les terroristes de l'Etat islamique s'emparent de cette ville. L'organisation de l'Etat islamique (EI) a, pour autant, envoyé de nombreux renforts à Kobané, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des combattants des provinces de Raqa et d'Alep, et même des hommes qui n'ont pas beaucoup d'expérience de guerre, sont envoyés sur le terrain des combats. Cela témoigne de l'importance accordée à cette bataille qui s'avère cruciale pour ce groupe qui y a mis tout son poids, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "S'ils prennent Kobané, la lutte contre l'EI en Syrie va durer très longtemps. Mais s'ils n'y arrivent pas, cela va porter un coup dur à leur image auprès des terroristes", précise-t-il. Mais, c'est compter sans la résistance des Kurdes, qui sont en train de donner les plus belles leçons de courage, bien qu'esseulés face à un ennemi supérieur numériquement, et mieux fourni en armes. Samedi, au moins 36 terroristes ont péri dans des attaques kurdes, dont une contre des véhicules de Daech qui tentaient d'entrer dans la ville. Les attaques sur plusieurs fronts sont repoussées à chaque nouvelle tentative par les Kurdes. Pour sa part, la coalition poursuit ses frappes sur les positions des terroristes. Daech qui contrôle 40% de Kobané, particulièrement le secteur Est et des quartiers dans le sud et l'ouest de la ville, a toutefois, pris le contrôle, depuis vendredi dernier, du quartier général des forces kurdes dans le nord de la cité, à un kilomètre environ de la frontière turque. Le voisin turc, qui scrute de loin l'avancée de l'EI, amasse ses chars aux frontières sans intervenir. Pis encore, le gouvernement empêche les Kurdes de Turquie de traverser ces mêmes frontières pour rejoindre les combattants qui luttent contre l'invasion des hordes terroristes. Cette attitude d'Ankara a provoqué ces derniers jours des émeutes en Turquie, entachées par la mort d'au moins 31 personnes. L'ONU a récemment appelé la Turquie à laisser passer ces volontaires vers Kobané, où elle dit craindre le "massacre des civils qui n'ont pas encore quitté la zone". Mais Ankara s'entête à refuser d'intervenir seul et pose comme préalable la mise en place d'une "zone tampon", que la Syrie et la Russie refusent, si tant est qu'il s'agit de la véritable cause, pour laquelle il rechigne à porter secours aux Kurdes. Ces derniers semblent bien avoir été abandonnés à leur sort, par la coalition internationale, également, qui a limité son intervention à des frappes aériennes. Ce qui, à l'évidence, suscite bien des interrogations sur les éventuelles complicités des capitales occidentales et de la Turquie, avec Daech, sur le dos des Kurdes. Ces derniers, qui se recrutent essentiellement au sein du PKK, figurant comme organisation terroristes sur la liste des Etats-Unis, seraient-ils les dindons de la farce de cette coalition internationale anti-Daech ? Sont-ils sacrifiés sur l'autel d'un marchandage des Occidentaux avec la Turquie, en contrepartie d'une intervention plus accrue visant à acculer le régime de Damas ? Amar R.