Merzak Meneceur Plus de onze mois après le crash du vol de la compagnie aérienne nationale Air Algérie AH 5017 Ouagadougou-Alger, qui avait fait 116 morts, des responsables d'Air Algérie ont rencontré, pour la première fois, mardi dernier à Paris, des familles des victimes. La rencontre se serait déroulée dans un bon climat. Selon le quotidien Le Figaro, qui rapporte l'information, une famille a trouvé ses interlocuteurs «beaucoup plus emphatiques». Le même jour, les familles ont rencontré aussi les deux juges d'instruction chargés de l'enquête judiciaire française sur le crash de l'avion, un McDonnell Douglas 83 affrété par Air Algérie auprès de la compagnie espagnole Swiftair, qui leur ont révélé, toujours selon Le Figaro qui a eu accès à leur rapport, qu'une série d'erreurs «tragiques» seraient à l'origine du drame du 24 juillet 2014. La principale erreur avancée est «la non-activation du système antigivre des sondes moteur, alors que la température extérieure et la zone humide traversée requéraient sa mise en place». Dans son rapport d'étape publié en avril dernier, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) avait pointé déjà le givre et faisait état de la non activation de ce système. En outre, le pilote aurait amplifié le décrochage de l'avion, car, toujours selon le quotidien français, «pour tenter de récupérer l'assiette de l'appareil» il aurait tiré le manche en arrière au lieu de le pousser en avant. Le rapport relève d'autres faits qui, par leur accumulation, auraient contribué à la survenance du drame. Ainsi, l'équipage a décollé avec une météo mise à jour deux heures et demie avant. Le pilote et le copilote étaient des saisonniers, exerçant un autre métier six mois dans l'année. «La pratique n'est cependant pas inhabituelle, d'autres compagnies, notamment françaises, sont coutumières» de cette pratique, précise le rapport qui ajoute : «Si le pilote avait 12 000 heures de vol et le copilote 7 000, soit une expérience importante, et qu'ils avaient fait une grande partie de leur carrière sur McDonnell Douglas, aucun des deux n'avait en revanche volé en Afrique [...]. Or, en Afrique, les conditions météorologiques peuvent être mauvaises, c'est une zone très particulière.» Autre fait : le simulateur de vol sur lequel s'entrainait l'équipage n'était «pas exactement celui de l'avion». La conclusion du rapport est relative au contrat Air-Algérie-Swiftair. Le Figaro rapporte : «L'instruction judiciaire ouverte en France le 29 juillet, soit cinq jours après le crash, avance mais se heurte à un manque de coopération de la part de l'Algérie. Ainsi, le contrat d'affrètement de l'avion passé entre Swiftair et Air Algérie n'a toujours pas été communiqué aux enquêteurs français. La compagnie se défend en arguant qu'il serait entre les mains du procureur général d'Alger». M. M.