Les trois victoires acquises par les Verts dans le tour des recalés sont-elles en mesure de cacher les cinq défaites essuyées lors du premier tour du championnat du monde de handball qu'organise la Croatie ? Il est incontestable que le sursaut d'orgueil des Algériens est méritoire dans le sens ou il est difficile de se faire un mental de gagneur quand les défaites se succèdent. Mais le sept de Kamel Akkeb l'a fait. Ce n'est pas pour autant une raison de voir à travers cette trajectoire un redressement quelconque de la situation de la discipline en Algérie. La faible prestation de la sélection algérienne lors de ses premières sorties n'autorise pas à l'optimisme. Bien au contraire, elle confirme la chute de la discipline. Le constat est manifestement partagé. Il est renforcé par les déclarations de Derouaz, qui connaît assez bien la maison du handball algérien pour l'avoir porté vers le sommet de la hiérarchie au niveau africain et pour avoir réussi des participations plus qu'honorables dans les championnats mondiaux auxquels l'Algérie avait pris part. Sans complaisance, l'ancien entraîneur de la sélection algérienne de handball a soutenu que le handball algérien vit des moments de crise. «Il n'y a aucune surprise dans la production de l'équipe algérienne, ni dans les bonnes choses ni dans les mauvaises. Il n'y a pas eu de surprise parce que le handball algérien se porte très mal ; il ne peut y avoir de miracle», soulignait Aziz Derouaz, au lendemain d'un premier tour raté des Verts. Tout en reconnaissant que la sélection algérienne possède un potentiel intéressant, il estime qu'il faut consolider l'actuelle ossature pour les futures échéances. Même si Derouaz mentionnait les défaillances qu'il a constatées dans l'actuelle équipe nationale, il a également noté la responsabilité des clubs dans ce qui arrivé au handball algérien. «Les clubs algériens sont eux, également, responsables de la situation actuelle de la petite balle algérienne, puisque ils n'arrivent plus à donner de grands joueurs en raison du manque de moyens», fera remarquer l'ex-sélectionneur national. Tenir les clubs pour responsables dans cette descente aux enfers du hand algérien, c'est oublier l'environnement dans lequel ils évoluent. Et à ce niveau, Derouaz évoque la question des moyens financiers. «Il y a aussi un problème financier et de stratégie, sans parler de l'absence du renouvellement des différentes sélections des jeunes catégories. Pour sortir de cette situation difficile et remettre la machine du handball algérien en marche, il faut faire un état des lieux global avec sérénité. Il est anormal que dans la wilaya d'Alger il n'y ait que six clubs ; c'est un drame, alors que le potentiel existe. Il a seulement besoin d'une prise en charge», tient-il à relever. Et d'ajouter : «Il faut rendre hommage aux pôles de développement de Saïda et de Skikda pour le travail effectué, alors que ceux d'Oran et d'ailleurs sont absents.» Le technicien algérien a abordé, également, la cruciale question de la compétition nationale dominée par le Groupement sportif pétrolier (ex-Mouloudia club d'Alger). «Il faut se rendre à l'évidence que le GSP a besoin de rivalité. Il faut rétablir la chaîne de l'élite, à savoir les sélections des -21 ans, -19 et -17 ans. La même chose est valable pour les filles. En parallèle avec l'élite nationale, la commission des compétitions doit mobiliser la catégorie cadette comme une priorité nationale sans oublier les pôles de développement», recommande Derouaz, qui ne perd pas espoir de voir le hand algérien retrouver son lustre d'antan aussi bien au niveau continental qu'à l'échelle mondiale. Du côté du staff technique qui a conduit la sélection algérienne, la déception est grande. «Malheureusement, nous terminons le premier tour du Mondial sans victoires. Nous n'avons pas réussi à rééditer la même performance enregistrée face à la Russie. Les joueurs n'étaient pas concentrés lors de cette rencontre», a déclaré Kamel Akkeb au coup de sifflet final de la rencontre Algérie-Tunisie (25 -36). On aura ainsi compris dans le discours de Akkeb «l'immaturité de l'équipe algérienne» pour pouvoir s'imposer dans de pareille manifestation. Mais au-delà du constat de la régression de la petite balle algérienne, il y a lieu de relever la manière avec laquelle a été préparé un grand rendez-vous comme le championnat du monde. Avant de se rendre en Croatie, les poulains de Akkeb n'ont eu droit qu'à deux rencontres amicales. Des répétitions qui n'ont pas servi beaucoup quand bien même on concède aux coéquipiers de Labane la complexité de la tâche dans un groupe composé de ténors. Comme il fallait s'y attendre, la préparation s'est avérée insuffisante. La participation des Verts à cette joute ressemble aux précédentes. On retient l'apprentissage réussi et on se projette dans les futures échéances, sans pour autant voir le fruit de ces apprentissages. Il est clair que le coach Kamel Akkeb ne pouvait mener cette équipe au-delà de ce qu'il disposait comme moyens. Faute d'une politique et d'une orientation globale définissant les moyens à mettre en place et les objectifs à atteindre, le hand algérien navigue au gré des échéances. Entre le nécessaire redéploiement au niveau africain et le désir de faire bonne figure aux championnats du monde, le handball national se perd davantage. Si techniquement, le joueur algérien est naturellement doué, il étale, néanmoins, un grand déficit en matière de formation tactique et de discipline dans les moments difficiles des matches. Les observateurs sont unanimes à mentionner la «disparition» de la race de joueurs faiseurs de différence comme c'était le cas par le passé. Loin de la conjoncture, il demeure incontestable que Derouaz touche du doigt le problème de la discipline quand il parle du «renouvellement des sélections nationales des petites catégories». C'est un avis émis de l'extérieur. Akkeb n'en pense pas le contraire. Il y a décidément, chez la famille du hand algérien une convergence de vue pour un renouvellement de l'élite à partir des petites catégories. Ici, c'est le stade du débat. Sur le terrain de la réalité, les choses ne semblent pas faciles à changer. A. Y.
