Profitant de la réunion du Conseil d'Alger, hier, à la salle Ali-Maâchi, au Palais des expositions Pins maritimes (Safex), le nouveau SG du RND, Ahmed Ouyahia, a affirmé que les évènements de Ghardaïa sont un complot contre l'Algérie. «Ce n'est pas de l'exagération quand je dis qu'il y a complot. Notre pays est visé. Il l'est parce qu'il est le seul à refuser l'installation de bases militaires étrangères sur son sol. Il est visé parce qu'il refuse de répondre aux appels à l'ingérence dans les affaires d'autres pays. Il est visé pour sa politique étrangère fondée sur des principes immuables.» Pour sa première sortie en tant que nouveau SG du parti, après la démission de Abdelkader Bensalah, Ouyahia s'est montré décidé à engager rapidement le parti dans la campagne contre «l'ennemi» étranger. Cet ennemi «manipule des Algériens dans le pays» pour mettre à exécution ses desseins. «Depuis au moins une dizaine d'années, des personnes à Ghardaïa entretiennent l'agitation dans la région. Chaque mois, ces personnes se rendent à l'étranger et ramènent de l'argent. 50 000 DA par jour pour créer l'anarchie ! Produire ces évènements qui viennent d'ébranler la wilaya et tout le pays. Rappelez-vous du temps où des citoyens recevaient 30 000 DA pour faire de l'espionnage contre le pays ?» Ouyahia persiste et signe : «Il y a manipulation et tentatives de déstabilisation du pays. Ils veulent faire en l'Algérie ce qu'ils ont fait en Libye, en Syrie, au Yémen et autres. Nous ne nous laisserons pas faire. Nous appelons les populations de tout le pays à faire montre de vigilance.» S'attardant sur les évènements de Ghardaïa qui ont fait 22 morts et des dizaines de blessés en deux jours seulement, le SG par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, affirmera que le parti dénonce avec force les actes de violence et les responsables de ces actes. Pour le RND, «rien ne justifie l'assassinat d'Algériens par d'autres Algériens. L'Algérie a pleuré pendant dix ans, elle a vécu dans les cimetières pendant dix ans. Cela suffit». Et comme pour répondre aux accusations contre les forces de sécurité qui auraient failli dans leur mission d'assurer la sécurité des citoyens et des biens, Ouyahia dira : «Les forces de sécurité n'étaient pas absentes. Il y a, depuis des années, quelque 6 000 agents entre policiers et gendarmes. La preuve, le nombre des morts et de blessés dans les rangs de ces forces depuis le début des troubles.» Ouyahia poursuivra par dire le soutien total du RND aux dernières décisions prises par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour rétablir la paix dans la région (déploiement de l'armée et recours à la justice). Il insistera sur la nécessité de punir les coupables et qu'il n'y ait surtout pas de manifestations contre les arrestations : «Nous sommes une République. Les responsables de ces actes doivent être punis par la loi.» Ouyahia soutient qu'il n'y a jamais eu de problèmes réels entre les malékites et les ibadites pouvant mener aux crimes. Pour lui, «seules ces personnes qui parlent de répression des minorités et appellent à l'aide étrangère sous prétexte justement de cette répression des minorités sont à l'origine du mal d'aujourd'hui». Et le SG par intérim du RND de s'élever contre le fait que les chaînes étrangères, dans leur rapport sur ces évènements de Ghardaïa, «parlent de différends entre arabes et amazighs». Ouyahia recommande, avec insistance, la vigilance et insiste auprès de ses militants pour «expliquer ainsi les choses dans les quartiers et même auprès des membres des deux communautés malékite et ibadite». Outre le danger du «printemps arabe», M. Ouyahia évoque la menace terroriste du groupe Daech, mais pas seulement : «Il y a ce terrorisme international et il y a cette prolifération d'armes à nos portes. Nous devons faire très attention. Autre danger, celui des narcotrafiquants qui empoisonnent notre jeunesse.» Il s'agit là d'un défi sécuritaire que l'Algérie s'engage à relever. L'autre défi est économique : «En une année, nous avons perdu 50% de nos recettes pétrolières, mais cette baisse des prix des hydrocarbures peut s'avérer une bonne chose pour faire travailler ceux qui se sont habitués au moindre effort.» Et M. Ouyahia d'insister sur la nécessité de poursuivre dans l'encouragement de la production nationale : «Autrefois, quand une personne insultait une autre, elle lui disait qu'elle ne valait pas un oignon. Aujourd'hui, l'oignon, nous l'importons d'Espagne.» M. Ouyahia défend la production nationale et dans tous les domaines. Cela ne veut pas dire, soulignera-t-il, «que nous allons fermer le pays, mais juste renforcer le marché national». Ce renforcement du marché national impose, entre autres, précisera-t-il, de lutter contre l'import-import. Par ailleurs, lors de cette réunion du Conseil d'Alger, Ouyahia a critiqué les organisations de défense des droits de l'Homme, mais aussi l'opposition qui «critique et accuse sans avoir les preuves». Cette opposition «critique et sape le moral au lieu d'encourager les bonnes initiatives et faire naître l'espoir». Ouyahia affirme croire en le peuple algérien qui s'est toujours montré «grand et combatif». Un peuple qui a «juste besoin d'être bien encadré». Par ailleurs, a assuré le SG par intérim du RND et chef de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, il ne reste à l'Algérie que 4 millions de dollars de dettes. «Le président Bouteflika, en 2003, a décidé de rembourser toute la dette et d'interdire l'endettement. C'est grâce à cela que nous avons réussi à nous sortir de ces dettes qui auraient pu nous mener vers d'autres destins incertains», dira-t-il. K. M.