Ahmed Ouyahia a appelé les Algériens à faire preuve de vigilance face aux enjeux sécuritaires et économiques auxquels est confronté le pays. Il a également appelé la classe politique et la société civile à la mobilisation « pour déjouer les complots ». Lors de son intervention devant les membres du bureau du RND d'Alger réunis à la salle Maâchi de la Safex, Ouyahia, qui a tenu à faire « une exception » en faisant un point de situation sur l'actualité, a dénoncé avec force les événements de Ghardaïa et ceux qui en sont responsables. « Rien ne justifie l'assassinat d'Algériens par des Algériens. Nous avons vécu pendant une décennie la violence terroriste », a-t-il rappelé. Au sujet des accusations portées contre les forces de l'ordre, Ouyahia a affirmé que les services de sécurité n'ont pas failli à leur mission. « Ils n'étaient pas absents. Pour preuve, près de 6.000 gendarmes et policiers sont mobilisés dans cette wilaya depuis des années et plusieurs d'entre eux ont été blessés et agressés. Les policiers et les gendarmes ont agi conformément aux instructions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ils n'ont pas tiré à balle réelle à Ghardaïa », a-t-il précisé. Le RND a déclaré à l'occasion soutenir toutes les décisions prises par le président de la République pour le retour de la paix. Des fauteurs de troubles payés 50.000 DA Que s'est-il passé réellement à Ghardaïa ? « Les problèmes dans cette wilaya ne datent pas d'aujourd'hui. Il y avait des affrontements pour une parcelle de terrain ou à cause d'une baptisation d'une école mais il n'y a jamais eu cette escalade sanglante. Les raisons apparentes ne sont pas connues, mais il faut savoir qu'un groupe sollicite depuis près de 10 ans l'ONU pour la sauvegarde de la minorité mozabite et appelle à l'ingérence étrangère. Est-ce que les enfants du Cheïkh El Bayoudh soutiennent cette démarche ? Non ! De même pour les enfants de Moufdi Zakaria. Alors ce groupe active au nom de qui ? Je persiste à le dire, la main étrangère existe bel et bien à Ghardaïa », assène-t-il. Ahmed Ouyahia est allé plus loin dans son analyse, en se référant aux écrits publiés sur les sites Internet et les réseaux sociaux depuis le mois de janvier dernier. « Des fauteurs de troubles ont été payés 50.000 DA la journée à Ghardaïa. Les groupes terroristes payaient aussi des membres des réseaux de soutien », a-t-il lancé. Il est revenu aussi sur la couverture médiatique des événements par des chaînes arabes et étrangères : « on parlait de guerre civile à Ghardaïa, cela résume tout ! » Ouyahia a appelé, à l'occasion, à la vigilance, rappelant les conséquences du « printemps arabe » ayant conduit à l'effondrement et la déstabilisation de arabes. Pour cette raison, le patron du RND a estimé que la justice pour sanctionner les malfaiteurs impliqués dans la violence à Ghardaïa doit être soutenue par tout le monde. « Il ne faut plus que les auteurs de ces troubles bénéficient de la liberté ou de la grâce. Des rassemblements pour revendiquer leur libération sont tenus. Non ! Nous sommes une République qui a des lois et celui qui a fauté doit payer », a-t-il estimé. S'adressant aux membres de son parti, il a insisté sur le lancement d'une campagne de sensibilisation à travers le territoire national et à destination des malékites et des ibadites. « La sensibilisation n'a pas de couleur politique. La dénonciation est une chose positive mais il faut se mobiliser. » Aux partis politiques, Ouyahia conseille de laisser « les conflits et les divergences de côté pour venir en aide à Ghardaïa ». « Il faut agir et préconiser la réconciliation pour sauver notre pays d'une situation plus dangereuse », a-t-il soutenu. Une guerre de drogue contre l'Algérie à propos du message du président de la République à l'occasion de la fête de l'indépendance, le SG du RND a estimé qu'il s'agit d'une analyse de la situation du pays. « Au RND, nous avons soutenu Bouteflika en 1999, en 2004, en 2009, en 2014 avec conviction et par principe. Nous continuerons à le soutenir mais cette fois pour faire face aux défis qui se posent à l'Algérie », a-t-il précisé. Il cite, entre autres, le défi sécuritaire, notamment le terrorisme international. « Ces nouveaux groupes terroristes à l'exemple de Daech sont aux portes de l'Algérie », a-t-il signalé, ajoutant que la prolifération d'armes lourdes et sophistiquées au niveau des frontières figure parmi les défis sécuritaires qui se posent au pays. Le narcotrafic est également un défi qu'il faut affronter, selon Ahmed Ouyahia qui fait allusion, sans le citer, au Maroc qui mène une guerre contre l'Algérie par la drogue. « Nous payons notre position vis-à-vis du Sahara occidental. A Ghardaïa, des personnes ont été poussées à revendiquer l'autodétermination. La drogue finance les mouvements visant la déstabilisation du pays », a-t-il expliqué. « Ce n'est pas un discours du pouvoir ni de la langue de bois, notre pays est ciblé pour sa politique étrangère. Nous sommes le seul pays, avec la Syrie, juridiquement en guerre avec Israël. » « Oui à l'oligarchie nationale » L'autre défi est économique, selon Ahmed. Ouyahia est revenu sur la chute des recettes pétrolières appelant en ce sens les Algériens à saisir la situation pour travailler. Affirmant ne vouloir insulter personne, il a répondu indirectement à la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, en affirmant son soutien à « l'oligarchie nationale pour booster l'économie nationale » avant de s'interroger sur le silence de certaines parties sur l'import-import. « En 2015, les douaniers ont saisi des conteneurs de déchets, mais ceux qui prétendent défendre le peuple algérien n'ont pas bougé », dira-t-il. Tout en saluant les décisions prises par le président de la République, il a défendu son bilan. « Durant ces dernières 15 années, nous avons investi les recettes du pétrole dans la construction de logements, d'écoles, d'hôpitaux et autres infrastructures », a-t-il souligné ajoutant que la corruption existe dans le pays et que l'Algérie n'a pas besoin de constats seulement, mais de semer l'espoir chez la jeunesse.