C'est ce qui a été expliqué au cours de la soirée de jeudi dernier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans une adresse faite aux Algériens à partir de la télévision et la radio publiques. Il est clair qu'il devenait, en plus du droit des Algériens d'être informés de la stratégie économique et même de la démarche politique engagée en ce sens par le gouvernement, impératif et même urgent que ces derniers soient autrement et surtout officiellement informés de certaines réalités qui, en plus de l'avenir du pays, engagent celui de leurs enfants et ce d'autant plus que jusque-là les échos venant de la rue étaient plutôt empreints de catastrophisme. Le Premier ministre s'est voulu transparent et surtout très direct dans ses propos par le fait d'admettre publiquement le manque à gagner induit par la chute du prix du baril de pétrole, le contraire aurait été une aberration, mais aussi que, selon bien des hypothèses il était plus que probable que la situation reste en l'état si elle ne risquait pas d'empirer jusqu'en 2016. Celui-ci a surtout cherché à trouver les mots qu'il faut pour dire aux Algériens que si la situation n'est pas grave compte tenu du matelas financier dont dispose le pays, elle n'en était pas moins sérieuse. Abdelmalek Sellal évacuera d'ailleurs d'un revers de la main toute idée «d'une politique d'austérité laquelle laisse supposer une paupérisation des populations». Le Premier ministre informant les confrères qui l'interrogeaient que «le pays disposait des moyens d'assurer un fonctionnement normal de l'économie nationale, de la demande sociale sous toutes ses formes, au rythme actuellement soutenu, sur les 26 mois à venir, et ceci sans oublier les recettes induites par l'exportation des hydrocarbures, lesquelles viendraient en appoint». Toutefois, réalité et réalisme de gestion orthodoxe politique obligent, le Premier ministre tiendra à souligner que la dépendance à une richesse naturelle, laquelle, depuis une quinzaine d'années, a permis à l'Algérie de se doter d'incontestables infrastructures de base à même d'avoir contribué, et surtout été à l'origine du qualitatif développement national tous azimuts grâce au génie des cadres algériens et à leurs capacités à se mettre au diapason de tous les défis, n'est pas la solution, resservant ainsi, de manière subliminale, l'éternelle rengaine du «Il faudrait sérieusement réfléchir à l'après-pétrole». Derrière tous ces satisfecits, Abdelmalek Sellal concèdera néanmoins que souvent tout ce qui a été réalisé ne l'a pas été sans erreurs ou errements. Quoiqu'il en soit «l'Algérie est aujourd'hui, grâce à ses forces vives, ses cadres, ses jeunes, rompue à toutes velléités de développement économique». Et selon le Premier ministre, ce serait cette certitude qui aurait conduit le gouvernement à envisager le renvoi sine die, ou du moins temporairement, de certains investissements publics pour privilégier ceux économiques assurant un retour sur investissement, autrement dit des retombées économiques certaines. Il rappellera et surtout insistera sur le fait que le «décalage» d'investissements publics n'est en aucun cas synonyme d'un révisionnisme sur tout ce qui a été entrepris, ou une remise en cause de la politique sociale indéfectible à laquelle tient l'Etat, «laquelle est irréversible», précisera-t-il rappelant dans la foulée que «notre pays est à travers le monde l'un des rares, si ce n'est le seul, à avoir une politique sociale sans exclusive». Désormais, l'Etat devra compter sur tout ce qui s'inscrirait dans le cadre de l'investissement productif et mettrait, voire se mettrait, à la disposition de toutes parties à même de contribuer au développement national par la création de richesses. Cette disposition est appelée à se traduire par la simplification des mesures à même d'accompagner tout investisseur, qui aura, dans un proche avenir, à juger sur pièces. A. L.