Le brut algérien, le Sahara Blend, qui bénéficie de la prime à la qualité, déprime. Au point de voir son prix plonger pour atteindre la barre psychologique des 50 USD. C'est inquiétant mais rien là de surprenant. Les spécialistes sont unanimes à ce propos : le rebond du prix était prématuré. Depuis juin, le Brent reflue en effet vers ses plus bas de début 2015 mais certains experts maintiennent le scénario d'un retour vers 70 dollars le baril en 2017. En attendant, le cours a chuté d'environ 20% en huit semaines. Il approche de ses plus-bas touchés en début d'année, sous 50 dollars le baril. Cette baisse n'est pas en fait une surprise pour les spécialistes, répétons-le ! Le rebond n'est pas durable. On devrait connaître encore plusieurs mois de forte volatilité du prix des hydrocarbures. De même qu'une rechute vers les niveaux de début 2015 qui reste possible du fait même que la production mondiale demeure assez excédentaire. Il aura suffi donc que cesse le mouvement d'arrêt des appareils de forage (rigs) aux Etats-Unis et qu'un accord sur le nucléaire avec l'Iran soit signé pour que l'or noir reflue fortement. Cette baisse ne remet toutefois pas en cause le scénario d'une remontée progressive des prix vers 70 dollars le baril en 2017, selon les experts. Ces derniers anticipaient une reprise progressive des prix d'ici 18-24 mois, cependant que la hausse du printemps dernier était prématurée. La surproduction atteignait encore 1,5 à 2 millions de barils à l'époque et elle est actuellement d'un peu moins de 1 million de barils, selon Morgan Stanley. Le marché a ainsi surestimé l'effet de la chute du nombre d'appareils de forage aux Etats-Unis sur la production effective du pays. Les spécialistes relèvent à ce sujet que l'industrie pétrolière US est très réactive, profitant alors de la hausse «artificielle» du Brent pour recommencer à forer. Cela explique le léger rebond du nombre de «rigs» en opération (+2% depuis mi-juin). L'agence américaine de l'énergie avait d'ailleurs enregistré en juillet un recul de la production de pétrole des Etats-Unis de 90 000 barils/jour par rapport à juin. Selon Citibank, une bonne partie des gisements de schiste aux Etats-Unis a besoin d'un Brent supérieur à 60 dollars pour atteindre l'équilibre économique. La baisse des prix favorise par conséquent la demande en produits pétroliers. L'Aiea a déjà revu en hausse sa prévision de consommation qui est désormais attendue en progression de 1,4 million de barils/jour pour 2015, contre +0,9 million estimé en début d'année. Foi de spécialistes, de nouvelles révisions sont en outre possibles. Sur les 6 premiers mois de l'exercice en cours, la demande est déjà supérieure de 1,6 million de barils/jour à son niveau de 2014, note Morgan Stanley. Cette tendance contribuerait à équilibrer la balance et favoriserait une remontée des cours. Autre raison, la forte baisse des investissements. Effectivement, le marché pétrolier et parapétrolier est lourdement affecté par l'effondrement du Brent. Tous les acteurs ont coupé nettement dans leurs investissements et réduit leurs effectifs. Selon Morgan Stanley, plus de 70 000 postes ont été supprimés dans l'industrie et les dépenses vont chuter de 130 milliards de dollars pour la seule année 2015. Tôt ou tard, cela aura un impact sur la production. Rappel d'experts : le taux de déplétion naturel des champs exploités est estimé à 5-6% par an. Ce qui signifie que si aucun investissement important n'était consenti, la production mondiale chuterait d'environ 5 millions de barils/jour chaque année. Pour les gisements de pétrole de schiste, ce taux est encore bien supérieur. Reste l'inconnue géostratégique iranienne. La levée des sanctions occidentales contre Téhéran permettrait au pays d'ajouter jusqu'à un million de barils de production supplémentaires en un an. D'ici là, le marché aura probablement amorcé son rééquilibrage. Toutefois, le retour de l'Iran fragiliserait encore l'Opep. Le Cartel a augmenté sa production au cours des derniers mois et dépasse largement les quotas qu'il a fixés lui-même. Il est donc difficile de prévoir comment le surplus iranien serait intégré à l'équation pétrolière mondiale. D'autant que le pays se range du côté d'Etats comme l'Algérie et le Venezuela qui réclament une rapide remontée des cours. N. K.